L’argumentaire présenté par le chef du gouvernement devant les sénateurs a été balayé point par point par Mokonda Bonza qui lui a demandé d’être sensible aux cris de cœur des Congolais

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Le premier ministre placé devant ses responsabilitésLa séance plénière organisée hier lundi 6 juin 2016 à la Chambre haute du parlement restera à jamais gravée dans la mémoire du 1er ministre Matata Ponyo Mapon. L’économiste qui dirige l’exécutif congolais sous la houlette du président de la République s’est exprimé pendant une heure et trente minutes pour répondre aux préoccupations soulevées par les sénateurs, relatives à la question orale avec débat du sénateur Florentin Mokonda Bonza jeudi 1er juin 20160.

Devant ainsi répondre à la flopée de questions posées par les sénateurs sur la conduite de la politique de la nation, Matata Ponyo a dû répartir ses éléments de réponse sur cinq secteurs : le domaine politique et social, le domaine économique, celui des infrastructures, la gestion des ressources humaines ainsi que le secteur public. Comme dans un auditoire, le 1er d’entre les ministres de Joseph Kabila a parlé, chiffres à l’appui, pour convaincre les sénateurs sur les questions soulevées.

Du plan de réforme de l’armée et de la police à la dégradation de la voirie urbaine en passant par la problématique des élections, le 1er ministre a fourni des explications sur le processus électoral et son financement, la fragilité du cadre macroéconomique, la dilapidation des ressources publiques, la Biac, la diversification de l’économie nationale, la politique agricole, la dette intérieure et extérieure, la construction des écoles, hôpitaux, centres de santé, stades municipaux, l’électricité, la bancarisation, la construction du port en eau profonde à Banana, la compagnie aérienne Congo Airways… bref, tous les aspects qui intéressent la politique de la nation.

Rejet en bloc des arguments du 1er ministre sur la bonne gouvernance

Réagissant à son tour aux réponses du 1er ministre, l’auteur de la question orale avec débat a fait remarquer à ce membre du gouvernement qu’il n’a répondu à aucune de quatre questions lui posées. De ce fait, il a ramené le locataire de la primature aux principes de bonne gouvernance, à l’équité et la justice.

Mokonda Bonza a dit avoir l’impression de se trouver en face d’un premier ministre qui gouverne un pays qu’il ne connait que sur papier, voyageant souvent à l’étranger.

Au sein de l’administration, il règne un grand malaise, a-t-il fait savoir. Des suspensions et mises à la retraite fantaisistes, des nominations sur fond de clientélisme, du népotisme et des préoccupations personnelles. En plus, a-t-il ajouté, le personnel civil et militaire est retraité sans la moindre considération.

Si la gouvernance est économique, elle est aussi politique et culturelle. Et l’un de grands supports de la croissance demeure l’investissement.

La stabilité du taux de change et la croissance macroéconomique quotidiennement vantées par le 1er ministre, y compris la Révolution de la modernité, sont un leurre, à en croire le sénateur Mokonda.
Aucun plan quinquennal soumis au Sénat après quatre ans de gouvernance. Il a été dit au chef du gouvernement de ne pas masquer sa mégestion sur des soubresauts du passé.

Car, la IIè République a laissé des traces : barrage d’Inga, achat des aéronefs pimpants neufs, construction Cité Mama Mobutu, achat des locomotives neuves… L’exemple de la Côte d’Ivoire sous Alassane Ouattara a été soulevé pour servir d’exemple à Augustin Matata.

Du point de vue social, le projet immobilier à Kinshasa (construction de la Cité du Fleuve) n’est pas à confondre avec les logements sociaux, les fonctionnaires ne pouvant pas y accéder. Dans des camps militaires, des hommes en uniforme vivent dans des conditions exécrables.

Il est ahurissant de voir quatre familles partager un bâtiment, s’est exclamé Mokonda Bonza. L’insalubrité est devenue le lot quotidien à Kinshasa. Dans l’entre-temps, la quasi-totalité de la population n’a pas accès à l’eau potable et à l’électricité. Le gouvernement a ouvert les portes aux expatriés tandis que les Congolais ne bénéficient d’aucune prérogative dans plusieurs activités.

Or, la création des richesses aurait dû se traduire par une meilleure mobilisation des ressources humaines. Alors que la population congolaise, dans son écrasante majorité, croupit dans la misère, la primature s’accapare de plus de la moitié du budget annuel.

Le sénateur Mokonda Bonza, insatisfait des réponses du 1er ministre, a rappelé à ce dernier qu’il a du cœur, et qu’il doit être sensible aux cris de cœur des Congolais

Par GO

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