MOKA (Moïse Katumbi)et JOKA théâtraliseraient une scène déjà montée

Souvent, à certains tournants difficiles de notre histoire collective, il nous devient difficile de réfléchir en relisant cette histoire. Celle-ci a alors tendance à se répéter. Une amnésie collective s’empare de plusieurs d’entre nous et l’appel à l’unanimisme évite toute remise en question des messages lancés par les uns et les autres. Dans ce contexte, les antagonismes liés à la différence de lecture du contexte politique sont vite interprétés comme étant des signes de naïveté, de faiblesse intellectuelle ou d’ imbécillité. Relire notre histoire à partir de la façon dont l’ AFDL a servi de  »Cheval de Troie » des forces extérieures, des anglo-saxons et de leurs proxys ougando-burundo-rwandais soulève, dans certains milieux, un tollé inimaginable. Une certaine croyance non-questionnée selon laquelle le Congo-Kinshasa est  »une jeune démocratie » voudrait s’imposer sur toutes les preuves de l’infiltration du loup dans la bergerie, sur les preuves de l’occupation ougando-rwandaise du pays et de sa mise sous-tutelle par l’ONU. Poser la question de savoir comment en sommes-nous arrivés là constitue, dans certains milieux congolais, un  »casus belli ». Soit !
Mais pour que le loup s’introduise dans la bergerie, il y a eu des complicités intérieures. Et un futur candidat à la présidentielle de 2016, Moïse Katumbi, après avoir affirmé que  »Joseph Kabila » est passé par deux faux penalties pour se retrouver là où il est aujourd’hui, il confie ceci à un journaliste du  »Le Monde » : « Quand il est arrivé au pouvoir, il était le plus jeune président du monde. Les Congolais ont fait des concessions pour éviter que le sang soit versé. Joseph Kabila n’avait pas 40 ans, mais les députés ont réduit l’âge pour lui permettre de se présenter. Ensuite, il a changé la Constitution pour que l’élection ne soit plus qu’à un seul tour et battre ainsi l’opposition. Il est impossible de demander à la population de faire encore des sacrifices. »
Lisons bien ce texte : « Les Congolais ont fait des concessions pour éviter que le sang soit versé. »
Ces Congolais savaient qu’ils avaient en face d’eux quelqu’un disposé à verser leur sang. Quelle décision ont-ils prise ? Par peur, ils ont fait des concessions à  »un assassin ». Et quand  »ce Cheval de Troie », moyennant des billets de banque, s’introduit comme un loup dans la bergerie, « il change la constitution » avec la complicité de ces mêmes députés.
Rappelons que ces concessions ont été consécutives au fait que  »Joseph Kabila » imposé à Thabo Mbeki en Afrique du Sud par  »les maîtres du monde » pour qu’il l’impose aux Congolais.
Comment, après avoir dénoncé  »les deux faux penalties » et après cette révélation au journal  »Le Monde », Monsieur Moïse Katumbi estime-t-il que si  »Joseph Kabila » accepte de partir pacifiquement du  »pouvoir », il sera  »le père de la démocratie congolaise ». Voici ce que Moïse dit : « Il est impossible de demander à la population de faire encore des sacrifices. S’il s’en va, Joseph Kabila sera le père de la démocratie. » Quand cette démocratie est-elle née ?
Moïse ajoute que si  »Joseph Kabila » part par la force,  »il devra affronter la justice ».
Que signifie  »partir par la force » ? C’est-à-dire demander à sa police politique de pouvoir tirer sur les populations congolaises qui pourraient descendre dans la rue à la demande des ex-proches de  »Joseph Kabila » et de leurs  »nouveaux alliés ». Terrible ! Est-ce honnête d’avoir fait des  »concessions monnayées » en 2006 pour que  »le loup »’ dont on connaissait  »la sauvagerie » s’introduise dans  »la bergerie » et y reste pendant plus d’une décennie avant de le soumettre aux pressions dont les populations assujetties pourraient tomber victimes ?
Pourquoi  »Joseph Kabila » ne pourrait-il faire face à la justice que s’il part par la force ? Sa police politique a tué en 2006. Elle a récidivé en 2011. Elle a tué une quarantaine des Congolais au mois de janvier en 2015. Elle a enterré des Congolais(es) dans les fausses communes à Maluku.
En plus, selon les dires de Moïse lui-même, empoisonné deux fois, ce  »pouvoir » fait disparaître tous ceux qui lui résistent. Pourquoi, malgré tout cela  »Joseph Kabila » partant pacifiquement devrait être déclaré  »père de la démocratie » ?
L’une des réponses à ces questions (et qui reste une hypothèse) est que Moïse Katumbi utilise mal des éléments de langage qui sont à sa disposition par ses lobbies américains. Il est prévu que s’il devient président, il puisse accorder une amnistie à Joseph Kabila pour tous ses crimes. Herman Cohen parle de cette solution dans une interview accordée à Al Jazeera1. Dans cette interview, les sanctions à infliger aux proches de Kabila étaient déjà prévues.
Et voici ce que Cohen dit de  »Joseph Kabila » en répondant à la question de savoir pourquoi ce dernier s’accroche au  »pouvoir » : « Eh bien, il y a question de ce qui se passe quand il quitte le pouvoir. Vous savez, il pourrait être accusé de crimes de guerre. En 1996, il faisait partie de l’armée rebelle qui a renversé le président Mobutu. Et à Kisangani, comme ils venaient du Rwanda, ils rattrapèrent certains Hutus, qui, probablement, avait participé au génocide et environ 80.000 d’entre eux furent massacrés, juste à l’extérieur de Kisangani, dans la ville de Tingi Tingi. Et il était un officier, il était officier de haut rang dans l’armée rebelle de son père. Et il pourrait être accusé de crimes de guerre juste pour ça et il y a d’autres choses qui ont eu lieu. Ce qui doit arriver est que le Parlement adopte une loi d’amnistie qui lui donnera l’immunité après la fin de ses fonctions. Je pense que cela est un point très important. »
Voyons-nous ? Le scénario est déjà joué.  »Le Père de Kabila » n’avait pas d’armée. Il était au service des proxys des anglo-saxons. Après tous les bons et loyaux services rendus,  »Joseph Kabila » ne doit pas répondre de ses crimes (et d’autres choses). Comment y arriver ? Telle est la question à laquelle Moïse Katumbi, ses lobbies et ses parrains essaient de trouver une réponse.
Echangeant avec un ami sur toutes ces questions, il me dit ceci : « Tout cela est déjà boutiqué par les « maîtres du monde ». JOKA et MOKA c’est une question de lettres … tu enlèves le J et tu le remplaces par le M et le tour est joué… on t’empoisonne et puis on t’envoie aux soins à l’étranger et tu retrouves ta santé comme si de rien n’était…. tout cela c’est du montage… un montage grossier où l’on prend les gens pour des idiots, des aveugles … JOKA et MOKA savent ce qu’ils font sous les ordres de leurs « maîtres » anglo-saxons ainsi que leurs sous-maîtres Tutsi au pouvoir au Rwanda et en Ouganda….Les Yankees ont donné des garanties à JOKA et ont trouvé en MOKA celui qui peut les réaliser pour sa survie après la présidence… et à l’allure où vont les choses, on pourrait avoir les élections dans les « délais constitutionnels » mais au profit non pas du peuple congolais mais de la « maffia-politico-financière-internationale ». » Et il ajoute : « le G7 est un truc monté par les « maîtres du monde » pour faire le lit de MOKA et préparer les « funérailles » de JOKA… et tout cela tourne autour des intérêts économiques et non autour de l’homme… »Notre ami n’est pas trop loin de l’approche que Cohen a de l’avenir de JOKA et de MOKA.
Dans ce contexte, suffit-il de crier à l’unanimisme et de faire de l’éducation des masses pour un renversement averti des rapports de force une question secondaire ? Une relecture attentive de notre histoire collective et une approche critique des acteurs pléniers et des acteurs mineurs ne doivent pas être faites régulièrement pour éviter que les erreurs d’hier soient reconduites ?
Oui. Comprendre, c’est déjà agir.
Mbelu Babanya Kabudi

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