Quitter les zones rurales

La classe politique congolaise et les élites organiques et structurantes devraient s’habituer à un échange permanent avec les masses populaires congolaises en vue de pouvoir intégrer les questions qu’elles posent dans le débat politique. La question des terres rurales ne semble pas encore mobiliser suffisamment les politiciens et les intellectuels congolais. Pourtant, la guerre de l’AFDL fut (et est encore) une guerre pour l’occupation des terres congolaises et la balkanisation du Congo-Kinshasa. Le génocide de Beni rappelle que cette guerre n’est pas encore achevée. Elle se déroule sur un temps long. Elle est aussi une guerre d’usure.
Bien que couteau à double tranchant, à la fois capables de nous dénuder et de nous interconnecter, (Lire M. DUGAIN et C. LABBE, L’homme nu. La dictature invisible ou numérique, Paris, Robert Laffont, 2016), les réseaux sociaux nous permettent de lire et d’entendre les points de vue de nos compatriotes de Beni. Après le dernier morceau du génocide permanent dans cette partie du Congo-Kinshasa, « Voici en quels termes la population de Beni exprime ses sentiments de révolte:
« Avec tous ces massacres qui perdurent, s’amplifient et atteignent maintenant les grandes agglomérations, dites-nous ce qui peut encore nous pousser à vous faire confiance. Nous allons tous mourir alors que vous êtes là, censés nous protéger ! Le peuple vous a confié le pouvoir. Vous avez tous les moyens à votre disposition : ressources minières, argent, armée (la 6e de l’Afrique), services de renseignement, etc… Que voulez-vous encore ? Vous aviez dit aux gens de quitter les zones rurales proches de l’ennemi, cela fut fait. Aujourd’hui l’ennemi est dans la ville. Qu’est-ce que vous nous dites encore ?… de quittez maintenant les villes ?… C’est choquant voire révoltant, quand celui qu’on appelle « Père de la Nation » et ses collaborateurs « les dirigeants » prennent plaisir au pire du sadisme, comme s’il était possible de voir un père broyer son propre fils, le fruit de ses propres entrailles… ». »
Ce texte rappelle que l’un des éléments essentiels liant, en politique, les gouvernés aux gouvernants, la confiance, n’existe plus. Néanmoins, nous pouvons poser la question de savoir sur quoi cette confiance était fondée. La conviction selon laquelle « le peuple a confié le pouvoir » à ceux qui son’ « censés le protéger » n’a pas été revue et corrigée malgré toute l’histoire des atrocités que connaît cette partie du Congo-Kinshasa depuis la guerre de l’AFDL. Même quand, de l’intérieur de  »ce conglomérat », un membre a osé soutenir, à raison, que les élections de 2006 et de de 2011 ont été de  »faux penalties ». Ce texte pose, en filigrane, la question du lien permanent à établir entre la classe politique et les collectifs citoyens pour un apprentissage mutuel, une éducation citoyenne permanente et un échange régulier d’informations. La réappropriation des débats politiques par des masses mobilisées à la base semble être encore trop faible dans notre pays. Le manque de courant électrique et des médias alternatifs à ceux du  »conglomérat d’aventuriers » rend cette réappropriation difficile. Bien informées, nos populations de Beni auraient su qu’en croyant donner leurs suffrages à ce  »conglomérat d’aventuriers », elles participaient, inconsciemment et/ou par ignorance, à la mise en application forcée des accords de Lemera et de la balkanisation du Congo-Kinshasa.
Telle est la triste expérience qu’elles sont en train de faire. Elles se rendent compte que bien qu’ayant tout, les ressources minières, l’argent, les services de renseignement, l’armée, etc.,  »les pervers narcissiques censés les protéger » leur demande de  »quitter les zones rurales » pour s’éloigner de l’ennemi. Tout est dit. Le nerf de la guerre est là : abandonner les terres rurales aux colons et autres occupants. Cet appel fait partie des missions dévolues au  »conglomérat d’aventuriers ».
Mais voilà que bien qu’ayant quitter les zones rurales, nos populations sont pourchasser et tuer dans les grandes agglomérations. Tel est le signe que la balkanisation du Congo-Kinshasa est en marche.
Elle s’opère sur fond de l’extermination des Congolais(es).
Ces deux questions ne sont pas débattues à la caisse de résonance de ce  »conglomérat d’aventuriers » dénommée  »Assemblée nationale ». Ce sont des questions taboues. L’argent reçu par les députés à cette assemblée achète leur silence, à quelques exceptions près. (https://www.youtube.com/watch?v=EqVYhfrH1Pw&feature=share)
Trouver des réponses positives à ces deux questions positives explique, entre autres, le cynisme, le sadisme, la thanatophilie, la sociopathie et la psychopathie dudit  »conglomérat d’aventuriers ». Il a tout faux.Il est en mission téléguidée et commandée de l’extérieur. Il est donc souhaitable d’étudier ce qui se passe au Congo-Kinshasa en lisant et relisant  »Les génocides congolais » de Boniface Musavuli et de le replacer dans un contexte un peu plus large où la lutte pour le triomphe d’un monde unipolaire est perpétuelle (http://www.ingeta.com/genocide-permanent-a-beni-et-effacement-de-la-memoire-collective/)
Pourquoi  »ce conglomérat d’aventuriers » pousse-t-il nos populations rurales à quitter les terres rurales et à aller dans les grandes agglomérations ? Pour en faire des populations dévoyées, dépaysées, déboussolées, aliénées, sans racines culturelles, bonnes à boire la bière et à danser  »les mipende ». Pour en faire des êtres dégradés, abrutis et prêts à être enterrés dans des fausses communes comme des indigents.. La poussée vers les grandes agglomérations est un appel au suicide culturel et à la paupérisation de nos populations. Un appel à leur conversion en applaudisseurs remplissant les stades lors des meetings démagogique et apolitiques de ce  »conglomérat d’aventuriers » et de ses alliés pour bénéficier après d’une bouchée de pain.
La poussée vers les grandes agglomérations profite à ce  »conglomérat d’aventuriers » ayant nouer des liens avec les vendeurs de bière pour faire de nos populations un peuple de soulards,( http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/06/28/heineken-en-rdc-un-cocktail-frelate-de-biere-et-de-politique_4959982_3212.html) incapable d’organiser des poches de résistance pour relever le défi de la liberté et de la prospérité et vivant dans une promiscuité indicible.
Mbelu Babanya Kabudi

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