RDC : HRW pour l’élargissement des sanctions

ida swayer

L’ONGDH américaine  appelle l’UE et le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre aussi des mesures ciblées

Human Rights Watch (HRW) salue la décision du gouvernement américain imposant des sanctions contre deux officiers supérieurs de la République démocratique du Congo accusés d’abus graves.

« L’annonce par les États-Unis de sanctions ciblées à l’encontre de deux officiers supérieurs des forces de sécurité congolaises est un message fort indiquant que les répressions violentes de manifestations pacifiques par le gouvernement et d’autres abus graves dans le chef des dirigeants congolais ne resteront pas sans conséquence », a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch.

Et d’ajouter que « pour un impact maximal, les Etats-Unis devraient élargir les sanctions en incluant d’autres hauts fonctionnaires du gouvernement congolais, de la sécurité, et des services de renseignements responsables de répressions brutales sur les deux dernières années ».

Dans une déclaration annonçant les nouvelles désignations, le directeur par intérim du Bureau de contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain, John E. Smith, a indiqué que les généraux Gabriel Amisi et John Numbi « se sont livrés à des actes qui compromettent les processus démocratiques en RD Congo et qui répriment les droits politiques et les libertés du peuple congolais, susceptibles d’entraîner une instabilité croissante et plus généralisée en RD Congo et dans la région des Grands Lacs ».

Il a souligné que l’« action n’est pas dirigée contre le peuple de RD Congo », mais « est destinée à modifier le comportement des individus ciblés. »

La déclaration du gouvernement américain annonçant les sanctions indique que Numbi est toujours un conseiller influent du président Kabila, même s’il n’a plus de fonction officielle.

Pour rappel, le 23 juin dernier, les États-Unis ont annoncé des sanctions ciblées à l’encontre du général Célestin Kanyama, le commissaire de police de la capitale, Kinshasa.

Pour le gouvernement américain, depuis janvier 2015, des officiels du gouvernement congolais et des membres des forces de sécurité mènent une campagne de répression brutale contre les personnes qui s’opposent aux tentatives de maintenir le président Joseph Kabila au pouvoir au-delà des deux mandats consécutifs permis par la Constitution. Mandats qui expirent le 19 décembre prochain.

Les autorités ont arrêté des dizaines d’activistes, des leaders et partisans de l’Opposition, ont interdit à plusieurs reprises des manifestations de l’opposition, fait fermer des médias, empêché des leaders de l’opposition de se déplacer librement dans le pays, et tiré sur des manifestants pacifiques, note l’ONGDH.

L’UE, l’Onu… appelées à emboiter le pas

Pour HRW, « l’Union européenne et le Conseil de sécurité des Nations Unies devraient adopter de toute urgence des sanctions similaires à celles des Etats-Unis », a conclu Ida Sawyer.

« Prendre des mesures fortes maintenant pourrait renforcer la pression sur le président Kabila pour qu’il respecte les exigences constitutionnelles en quittant ses fonctions à la fin de son mandat, et contribuerait à prévenir une crise plus large, avec de possibles répercussions volatiles dans toute la région. », a-t-elle ajouté.

Les faits reprochés aux deux officiers supérieurs
Le Groupe d’experts de l’ONU sur la RD Congo a rapporté qu’Amisi aurait été  impliqué dans le trafic de minerais, y compris l’étain et l’or, alors qu’il était commandant des forces terrestres de l’armée congolaise.

Le général Amisi avait été suspendu de ses fonctions en novembre 2012, suite aux accusations portées par le Groupe d’experts selon lesquelles il supervisait un réseau distribuant des munitions aux braconniers et aux groupes armés.
Les autorités congolaises ont abandonné toutes les poursuites contre lui en juillet 2014.

Cet officier supérieur est actuellement commandant de la 1ère zone de défense, qui couvre la capitale Kinshasa, ainsi que d’autres provinces occidentales. Des militaires sous son commandement ont été impliqués dans la répression violente des manifestations politiques au cours des deux dernières années et ont fait usage d’une force excessive et illégale, signale HRW.

L’affaire Chebeya et Bazana reste d’actualité

Quant à John Numbi, l’ancien inspecteur général de la police nationale congolaise était impliqué en 2008  dans le déploiement d’environ 600 agents de police pour réprimer le groupe politico-religieux Bundu Dia Kongo (BDK), basé dans le Bas-Congo, précise l’ONGDH américaine.

Les enquêtes menées par Human Rights Watch à l’époque ont montré que, pendant trois semaines d’opérations policières, la police a tiré sur des adhérents du BDK qui manifestaient, tuant plus de 200 personnes et blessant des dizaines d’autres.

Le 1er juin 2010, un éminent défenseur des droits humains, Floribert Chebeya, qui avait documenté les abus commis par la police contre le BDK, s’est rendu au quartier général de la police à Kinshasa suite à un appel téléphonique le convoquant au bureau de Numbi. Son corps a été retrouvé sans vie peu de temps après. Le chauffeur de Chebeya, Fidèle Bazana, est toujours porté disparu.

Suite à l’indignation généralisée en RD Congo et dans le monde entier face à ce qui semblait être un double meurtre impliquant Numbi, cet officier supérieur est suspendu de ses fonctions d’inspecteur général de la police nationale depuis le 5 juin 2010.

Par G.K.M.

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