La question de la crise de légitimité au Congo-Kinshasa et ses évolutions historiques

La relecture de notre histoire ne devrait pas nous conduire à mettre entre parenthèse l’existence de toutes les forces d’indocilité congolaises et africaines liguées contre l’ordre colonial et néocolonial retranchées dans le maquis de notre histoire collective ; et souvent prêtes à en découdre avec ses auteurs intellectuels et leurs nègres de service. Grâce à ces forces, des tentatives de mettre fin à cette crise de légitimité plurielle sont menées.Malheureusement, elles font face à des forces réactionnaires au service des acteurs pléniers de la tragédie congolaise. Des embourgeoisés se lèvent au cœur de l’Afrique pour torpiller notre mémoire collective. Ils vous disent que la crise de légitimité au Congo-Kinshasa est liée à la violation de  »la charte d’occupation anglo-saxonne » (abusivement dénommée constitution) de ce pays par des proxys interposés. Ce faisant, ils font le jeu de  »leurs maîtres » cherchant à trouver une issue heureuse à un mercenaire ayant vendu le pays de Lumumba aux enchères.
Pour les falsificateurs de la mémoire collective congolaise, le temps long est un bon allié. Ils déploient un effort surhumain pour que leur accès aux postes politiques et aux honneurs marche de pair avec la création d’une mémoire historique congolaise illusoire.Ce faisant, des pans entiers de l’histoire du pays de Lumumba sont réduits à leur simple expression.
Rappelons que la question de la crise de légitimité au Congo-Kinshasa est fondamentalement liée à celle de la gestion politique, économique, sociale et culturelle de ce pays en tant qu’ Etat souverain.
En 1960, la proclamation de l’indépendance (formelle) de ce pays et les élections au suffrage universel qui s’en sont suivies pouvaient l’engager sur cette voie. Il n’en a pas été question. L’assassinat de Lumumba et le coup d’ Etat de Mobutu de 1965 ont réduit ce rêve de souveraineté à néant. Politiquement, le pays est tombé entre les mains des marionnettes des anglo-saxons et leurs alliées occidentaux. Du point de vue économique, les IFI (dont le FMI, la Banque mondiale, le club de Paris, etc.) ont transformé le Congo-Kinshasa en une vache laitière de l’Occident. Pour lui arracher sa souveraineté économique, certains mécanismes ont été mis sur pied : l’endettement par le faux phénomène de l’aide extérieur et les programmes d’ajustement structurels.
Culturellement, l’adoption de la politique du  »recours à l’authenticité » n’a pas pu transformer plusieurs d’entre nous en des  »êtres réellement authentiques ».
La combinaison des effets délétères du marionnettisme mobutiste, de l’endettement endémique, des programmes d’ajustement structurel et du  »recours à l’authenticité » a contribué à détruire, tant soit peu, dans plusieurs d’entre nous, le sens de responsabilités, de la liberté et de l’humain.L’oppression, la répression et l’abrutissement ont produit, au cœur de l’Afrique, des êtres dégradés. Donc, la crise de légitimité politique des années 1960 et ses corollaires socio-économiques et culturels ont contribué à la destruction de  »l’être congolais ». Il doit renaître pour que renaisse son pays.
Souvent, il arrive que cette crise et ses corollaires soient oubliés (ou négligés) et que les Congolais(es) s’entendent dire : « Il y a plus de 50 ans que vous êtes indépendants. » Cette allusion à notre indépendance formelle mette entre parenthèse l’assassinat de Lumumba et de ses amis de lutte et les mécanismes de répression, d’oppression, d’abrutissement et de paupérisation mis en place par les acteurs pléniers de la tragédie congolaise et leurs sous-fifres.
Ce rappel ne met pas entre parenthèse l’existence de toutes les forces d’indocilité congolaises et africaines liguées contre l’ordre colonial et néocolonial retranchées dans le maquis de notre histoire collective ; et souvent prêtes à en découdre avec ses auteurs intellectuels et leurs nègres de service. Grâce à ces forces, des tentatives de mettre fin à cette crise de légitimité plurielle sont menées.
Malheureusement, elles font face à des forces réactionnaires au service des acteurs pléniers de la tragédie congolaise. Des embourgeoisés se lèvent au cœur de l’Afrique pour torpiller notre mémoire collective. Ils vous disent que la crise de légitimité au Congo-Kinshasa est liée à la violation de  »la charte d’occupation anglo-saxonne » (abusivement dénommée constitution) de ce pays par des proxys interposés.
Il y a ici une  »jonglerie » facile à décoder. Ces embourgeoisés se cachant derrière leur petit doigt disent d’un  »Cheval de Troie » du désordre néolibéral et mondialiste qu’il est l’acteur plénier de ce qui se passe actuellement au Congo-Kinshasa. Ils tiennent à effacer toute l’histoire ayant précédé  »la guerre de libération de l’AFDL » et se recroqueviller sur ce qu’ils nomment  »le pacte républicain » signé dans une néocolonie anglo-saxonne.
Dans leur discours, les questions liées à la souveraineté plurielle du Congo-Kinshasa n’apparaissent presque pas. Ce faisant, ils déploient des efforts titanesques pour innocenter  »les faiseurs des rois » et avoir ainsi accès aux postes ministériels pouvant les conduire à en avoir demain comme  »maîtres économiques ». Ce faisant, ils contribuent à empirer la crise de légitimité qu’ils estiment combattre.
Rappelons que les responsables d’un pays sont légitimes (et souverains) quand ils se savent investis du pouvoir de ne rendre des comptes qu’à leur peuple. (Et pas aux  »petites mains » des mondialistes).
Ils sont légitimes quand, investis de ce pouvoir (par le souverain primaire), ils mobilisent les moyens politiques, économiques, culturels et sociaux pour que ce peuple réalise le mieux qu’il peut ses capacités.
Ce faisant, ils veulent tirer leur légitimité de l’extérieur comme Mobutu et les autres proxys des anglo-saxons.
Actuellement, pendant que les plus naïfs d’entre nous sont convaincus que  »les maîtres du monde » ont lâché  »le Cheval de Troie de Kigali » au Congo-Kinshasa, Kikaya Bin Karubi affirme le contraire. Il est aux USA en train de mener le lobbying pour son chef. « En délicatesse avec Washington, le pouvoir de Kinshasa tente de s’y refaire une réputation.C’était la mission de Kikaya Bin Karubi , conseiller diplomatique du président Joseph Kabila, envoyé aux États-Unis en septembre. Le 2, il a signé, au nom de son pays, un contrat de 875 000 dollars pour s’attacher pendant cinq mois les services de BGR Group ». écrit Jeune Afrique.
Faut-il être un grand clerc pour comprendre d’où  »les négriers des temps modernes » en Afrique tirent dorénavant leur légitimité ? Ils l’achètent à coup des billets de banque aux USA et/ou auprès des multinationales aux dépens des populations. Et si l’argent phagocyte le processus politique aux USA(https://fr.news.yahoo.com/largent-phagocyt%C3%A9-le-processus-politique-170418820.html), qu’en sera-t-il au Congo-Kinshasa si notre naïveté ne nous conduit pas à inventer  »une voie pour nous »,  »notre voie » ? Le pire risque de nous arriver.
Revenons à Kikaya Bin Karubi. Il a signé, au mois de septembre, un contrat pour s’attacher les service de BGR Group pour cinq mois. En d’autres termes, la décision de reporter  »les élections démocratiques, libres et transparentes » au delà des délais constitutionnels n’est venue ni du  »dialogue inclusif » de Kinshasa, ni du  »conclave du Rassemblement ». Elle est monnayée aux USA.
Questionner sur les mesures déjà prises à l’encontre de certains membres de la kabilie, Kikaya répond : «  Nous n’attendions pas que BGR inverse la tendance en si peu de temps, réagit le diplomate congolais. Mais il nous donne accès aux bons interlocuteurs. Jusque-là, les autorités américaines n’avaient qu’un son de cloche. » Les choses sont si claires !
Et qui avait déjà précédé Kikaya Bin Kabubi au pays de l’Oncle Sam ?  »Le démocrate Katumbi ».
« Pour mémoire, l’opposant Moïse Katumbi emploie un cabinet rival, Akin Gump, depuis 2013 au moins, pour environ 30 000 dollars mensuels », écrit Jeune Afrique.
Et les Congolais(es) dans tout ça ?  »Tuishi tua kukuina ku maluvu’‘ ! Les dindons de la farce !Instruire les masses populaires congolaises sur ces évolutions historiques de la question de la légitimité politique relève du devoir citoyen des intellectuels organiques et structurants. Elles pourraient éviter de s’interposer dans une théâtralisation des rivalités entre  »les nègres de service » des mondialistes parlant de la démocratie pour amuser la galerie.
Nous nous retrouvons dans un contexte où poser des questions liées à l’évolution historico-politique au Congo-Kinshasa nous oblige d’avoir une vue très large sur ce qui se passe au monde. A quelques différences près, la récente tragédie grecque, la guerre de destruction de la Syrie, de la Libye, etc. devraient nous interpeller.  »Les plus réalistes » d’entre nous diraient que face à tout ceci, il faut être malin et se soumettre pour éviter les morts et les destructions inutiles. Le comble est que ces morts et ces destructions méchantes nous sont présentées comme étant des  »progrès de la démocratie et de la liberté ». Et il devient dangereux que la démocratie et la liberté, ce n’est pas cela…L’inversion sémantique est imposée au nom du  »réalisme » et du  »carpe diem ».
Au lieu de nous coucher, nous en appelons à l’avènement du Congo de l’insoumission aux forces de la mort. Les Congolais(es) ayant compris cet appel y répondent au même moment qu’ils veulent changer de paradigme en politique. Le travail avance petit à petit. Il se fait. C’est le principal.
Mbelu Babanya Kabudi

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