FRANÇOIS HOLLANDE, DONNEUR DE LEÇONS ET MODÈLE DE DÉMOCRATIE

« Là  où  les  règles  constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance est empêchée, j’affirme ici que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver dans l’espace francophone  le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie »

Écrit par Le Potentiel. Publié dans Online Dépêches
 L’onde de choc de l’annonce solennelle, faite par François Hollande, de ne pas se représenter à la présidentielle de 2017 en France a retentit jusque dans les capitales africaines, surtout dans celles où l’alternance au sommet de l’Etat est mise en mal. Pour les chefs d’Etats africains tripatouilleurs de constitution, François Hollande n’est qu’un donneur de leçons. Pourtant, le « président normal » vient d’administrer une belle leçon de démocratie dont l’Afrique a besoin pour avancer dans la paix.

Le président français, François Hollande, a créé la surprise le jeudi soir en annonçant qu’il ne se représenterait pas à la présidentielle de mai 2017 en France alors qu’il n’a fait qu’un seul mandat. « Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle ». C’est par ces mots mesurés que François Hollande s’est adressé au peuple français pour justifier son choix de renoncer à concourir à un second mandat.

Une décision saluée, dans l’ensemble, par les socialistes, sa famille politique.  L’annonce du chef de l’Etat est « digne et courageuse », juge sur Twitter Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères et ex-chef du gouvernement (mai 2012-mars 2014). Sa « seule motivation est l’intérêt supérieur de la France », ajoute-t-il. C’est « la décision d’un homme d’Etat », renchérit Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’éducation nationale. Elle « n’a été dictée que par les exigences du rassemblement de notre famille politique, à laquelle François Hollande a toujours œuvré », écrit-elle sur sa page Facebook, rapporte Le Monde.fr. Evidemment, il y a eu d’autres réactions plus acides des gens de la gauche.

Donneur de leçons ou défenseur de la démocratie ?

Mais, vu du continent africain, la décision de François Hollande a tout un autre entendement. Le socialiste François Hollande est surtout perçu par la clique des régimes autoritaires comme un donneur de leçons. Tout le monde a souvenance, de la manière dont le « président normal » a sermonné ses homologues africains au XVème sommet de la Francophonie tenu à Dakar en 2014.

« La Francophonie,  elle  est  soucieuse  des  règles  de  la  démocratie,  de la  liberté  du  vote, du respect des ordres constitutionnels et de l’aspiration des peuples, de tous les peuples, à des élections libres », avait dit le président français s’adressant aux Chefs d’Etats africains, à un moment où dans plusieurs pays africains il y avait des tentatives de modification de la constitution par le régime en place. Hollande a, non seulement, salué les bels exemples de démocratie en Afrique mais, il a, surtout, fustigé la propension de certains présidents de tripatouiller leur constitution aux fins de se maintenir au pouvoir indéfiniment.

« Là  où  les  règles  constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance est empêchée, j’affirme ici que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver dans l’espace francophone  le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie », avait-il lâché. Il a même osé soutenir le peuple burkinabé qui a chassé Blaise Compaoré. « Il  y  a  quelques  semaines,  le  peuple  burkinabé  a  fait  une belle  démonstration. À lui  aussi  de maîtriser  ce  processus,  de  faire  en sorte que  les  règles  puissent  être  posées  et, encore  une fois, respectées, que la réconciliation vienne et que l’on évite tout règlement de compte inutile. Mais aussi ce qu’a fait le peuple burkinabé doit faire réfléchir ceux qui voudraient se maintenir à la tête de leur pays en violant l’ordre constitutionnel. Parce que ce sont les peuples qui décident. Ce sont les élections qui permettent de savoir qui est légitime et qui ne l’est pas ».

Ces propos fermes de François Hollande avait fait réagir plusieurs ministres de certains régimes forts d’Afrique, traitant François Hollande de donneur de leçons. Pourtant, il ne faisait que défendre les valeurs de la Francophonie auxquelles tous les pays membres ont adhéré librement.

L’opposition congolaise applaudit le geste

Aussi, récemment au sommet de Madagascar, l’ombre de François Hollande a plané sur la déclaration finale. A propos notamment de la RDC, la résolution du sommet d’Antananarivo note :« Exhortons les  autorités compétentes  à  intensifier  leurs  efforts  pour  organiser  les  élections présidentielle et législatives dans les délais les plus brefs et consensuels, et dans le respect de la Constitution ». Encore un message clair de respect de la constitution. La RDC connait une crise à la suite de l’absence des élections alors que le président actuel arrive à la fin de son deuxième et dernier mandat.

Ce qui explique la réaction de plusieurs acteurs politiques de l’opposition qui ont applaudi la décision de François Hollande. « La décision du Président Hollande de ne pas se présenter à la présidentielle de 2017: preuve d’un homme d’Etat privilégiant l’intérêt général », a écrit Martin Fayulu. « Hollande a compris qu’un certain leadership politique constitue une pesanteur et y renoncer libère les vocations et ouvre des perspectives », note quant à lui Sam Bokolombe Batuli. « Ah si seulement la lucidité et la sagesse de François Hollande pouvaient être sources d’inspiration pour Joseph Kabila au soir du 19/12 », a aussi twitté Olivier Kamitatu. Et à l’UDPS Félix Tshisekedi de s’exclamer : « F. Hollande s’en va, au nom de l’intérêt supérieur de la France. Seigneurial ! Puisse cet acte inspirer certains obstinés en Afrique ».

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