Une escroquerie dénommée  »notre jeune démocratie » au cœur  de l’Afrique

« L’outil le plus puissant que détienne l’oppresseur est la pensée de l’opprimé »  S. BIKO

Le qualificatif  »démocratique » est utilisé au cours de  »la guerre par morceaux » imposée aux Congolais(es) par plusieurs  »associations de malfaiteurs », membres du  »réseau d’élite de prédation » opérant dans la sous-région des Grands Lacs africains  pour couvrir leur caractère d’instruments de néocolonisation de cette partie de l’Afrique. L’usage magique et/ou fétichiste de ce  »qualificatif démocratique » a tellement  »mangé les cœurs  et les esprits » à tel point que la réalité de la mort rampante, de la prédation et du clientélisme permanent, du mépris de la vie et de la culture, etc. ne semble avoir aucun effet chez plusieurs compatriotes ; et même chez les jeunes. Ceux-ci continuent à soutenir que le Congo-Kinshasa, cette néocolonie anglo-saxonne, est une jeune démocratie à protéger.

Un nombre assez impressionnant de jeunes Congolais se lève aujourd’hui à travers le monde entier pour lutter afin que leur pays connaisse la paix, la justice et le bonheur collectif partagé. Cette lutte a un côté noble à respecter. Néanmoins, ces jeunes donnent l’impression d’oublier qu’avant eux, un autre jeune, Patrice-Emery Lumumba fut fougueusement  engagé dans la même lutte. Il avait   une bonne maîtrise des principes d’égalité (entre les races), de justice et de liberté inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il les avait étudiés à l’école.  Il croyait ferment que « les Africains doivent jouir, au même titre que les autres citoyens de la famille humaine, des libertés fondamentales inscrites dans cette Déclaration et des droits proclamés dans la Charte des Nations unies. » (Africains, levons-nous. Discours de Patrice Lumumba, prononcé à Ibadan (Nigeria), 22 mars 1959, p.17).  Lumumba ne comprenait pas que ces principes étudiés à l’école ne puissent pas être appliqués dans la réalité africaine.Celle-ci était plongée dans un régime d’asservissement et d’exploitation.   Lumumba a longtemps souffert de cette dichotomie. Il en parle dans son discours  du 30 juin 1960. Il en était arrivé à comprendre que « la loi n’était pas la même selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. »  Il avait fini par toucher du doigt l’une des  questions fondamentales face à laquelle son pays et l’Afrique étaient confrontés : l’usage par l’autre du principe de la pure force dans ses rapports aux Noirs. « Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom des textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. »
L’autre, venu à la conquête de l’Afrique et du Congo-Kinshasa après Berlin (1885), avait fait de l’usage du principe de la pure force le fondement de son action sous les slogans de l’ONU. Il y a eu recours  pour asservir et exploiter  »les non-personnes » au profit de ses entreprises. Ce principe de discrimination raciale, il l’a appliqué en complicité avec certains Africains et certains Congolais, avides de  »pouvoir-os », d’argent et des honneurs.
Lumumba avait de la voyance. Le laisser vivre pouvait attenter au principe de dominos. Il allait former, fabriquer  d’autres Lumumba épris de justice sociale et soucieux de voir les terres de leur patrie profiter à leurs enfants. Il fallait le tuer. Cela d’autant plus qu’il en appelait, avec d’autres éminents Africains, à l’avènement du panafricanisme  en vue d’une véritable indépendance de son pays et de l’Afrique.
Il est assassiné le 17 janvier 1961. Ses assassins se servent de son secrétaire et en font, quelques années plus tard,  »le Président apparent » du Congo-Kinshasa. Il n’est pas seul. Il travaille avec d’autres  »proconsuls » des assassins de Lumumba dénommés  »commissaires généraux ». Et la suite ?
Ce  »Président apparent » est contrôlé de l’intérieur et de l’extérieur jusqu’au moment où  le poids de sa maladie va le rendre indésirables aux yeux des  »Présidents Pléniers ». Pendant son règne, le Congo-Kinshasa sert de vache laitière aux entreprises occidentales. Et leurs  »tueurs  à gage », la Banque mondiale et le FMI entretiennent au Congo-Kinshasa  »un coup d’Etat permanent », celui fait à Lumumba  et à son gouvernement. (Lire E. TOUSSAINT, Procès d’ un homme exemplaire, Bruxelles, Al Dante, 2013).
Disons qu’avant, pendant et après l’assassinat de Lumumba,  »les Présidents pléniers » travaillent au Congo-Kinshasa avec  »leurs proconsuls », ces  »Présidents apparents » que les compatriotes voient. Il y entretiennent le même système d’exploitation et d’asservissement en recourant à la guerre raciste et perpétuelle à laquelle les Congolais(es) résistent, mains nues, depuis les années 1990.
L’illusion, pour plusieurs de nos jeunes aux intentions nobles, c’est de croire que  »les Présidents pléniers » travaillant dans l’ombre vont soutenir leurs efforts pour  »la démocratie » et  »les droits de l’homme ». A ce point nommé, le recours à Lumumba devient plus que nécessaires pour nos jeunes.
Pourquoi lui, luttant pour les mêmes principes et le droit des peuples à leur autodétermination a-t-il été assassiné ? Pour une raison simple : l’expansion du capitalisme sous toutes ses formes a besoin d’expropriation des terres et des matières premières. Pour  ce faire, ses  »petites mains » recourent à la répression dégradante et à l’oppression humiliante avec (toujours) le concours des élites autochtones compradores.  Le racisme, la cupidité, l’ esprit de domination et  le mépris des gens  constituent  le soubassement de ce rejet de l’autre et de l’altérité. Dans ce contexte, les élites organiques et structurantes autochtones constituent un danger pour le système. Tel fut le cas de Lumumba. Il avait réussi, tant soit peu, pour s’être frotté aux analyses marxistes, à connaître le fonctionnement du système colonial de l’intérieur. Lumumba, malgré ses erreurs, est tombé victime de l’oppression de la pensée libre. Ses écrits devraient être  étudiés au Congo-Kinshasa de l’école primaire jusqu’à l’université. Des universités Lumumba devraient naître au Congo-Kinshasa pour véhiculer sa pensée et faire face à la domination culturelle occidentalisante.
Au lieu de multiplier les ONG de droits de l’homme, nos jeunes devraient créer des mécanismes de contre-pouvoir et des mouvements de résistance, en conscience, contre les  »proconsuls » des  »Présidents pléniers ».
Pour rappel, Laurent-Désiré Kabila avait un peu compris cela en initiant  »les comités de pouvoir populaire ». Malheureusement, il était déjà engagé dans une spirale de la mort. Sa conversion en  »soldat du peuple » fut un peu tardif.
Et  »les Présidents pléniers » avaient déjà jeté leur dévolu sur ce qu’ils considéraient comme étant  »les  agents de la renaissance africains », Paul Kagame et Kaguta Museveni.
Quand Laurent-Désiré Kabila initie sa reconversion en  »soldat du peuple », une campagne de dénigrement se déchaîne contre lui. Le clan Clinton et ses alliés ne jurent que par sa mort. Ils vont passer par les différents accords pour affaiblir davantage les institutions congolaises de l’intérieur.
Quand ils acceptent de signer les accords de Lusaka, par exemple,  Laurent-Désiré Kabila accepte que les milices du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) pillant le Congo-Kinshasa et  soutenues par Kigali ait le statut de  »forces démocratiques ».
Il y a là un escroquerie politico-jurico-intellectuelle. Un accord est signé en vue de l’entrée d’un loup dans la bergerie congolaise après un dialogue dont la finalité n’est pas  de confier  »le pouvoir au peuple congolais’ mais d’avoir des clients du système néolibéral au cœur d’un Etat manqué que l’on tient à déstructurer. Cette escroquerie est déjà présente au cœur  de la guerre menée par le mouvement dont Laurent-Désiré Kabila fut l’un des chefs, l’AFDL (Alliances des forces démocratiques pour la libération du Congo).   »Un conglomérat d’aventuriers » ,  »Cheval de Troie » dans anglo-saxons, par les proxys rwandais et ougandais interposés, fut présenté aux Congolais(es) comme étant  »une alliance des forces démocratiques pour la libération » de leur pays.
Le qualificatif  »démocratique » est utilisé au cours de  »la guerre par morceaux » imposée aux Congolais(es) par plusieurs  »associations de malfaiteurs », membres du  »réseau d’élite de prédation » opérant dans la sous-région des Grands Lacs africains  pour couvrir leur caractère d’instruments de néocolonisation de cette partie de l’Afrique.
L’usage magique et/ou fétichiste de ce  »qualificatif démocratique » a tellement  »mangé les cœurs  et les esprits » à tel point que la réalité de la mort rampante, de la prédation et du clientélisme permanent, du mépris de la vie et de la culture, etc. ne semble avoir aucun effet chez plusieurs compatriotes ; et même chez les jeunes. Ceux-ci continuent à soutenir que le Congo-Kinshasa, cette néocolonie anglo-saxonne, est une jeune démocratie à protéger.
Dieu merci ! Dans un échange avec Edem Kodjo, un autre son de cloche s’est fait entendre dans toute sa crudité. Un membre du G7 lui a dit que « le Congo est un jardin privé des USA ». Au nom de quel principe du droit international ? L’échange n’a pas approfondi la question.
Le danger serait que ce membre du G7 et plusieurs de ses compères, membres du Rassemblement, du Front citoyen ou de la Majorité dite présidentielle ne soient en train de se chamailler pour le Congo-Kinshasa demeure à jamais  »’une néocolonie anglo-saxonne » au grand dam des minorités organiques et structurantes soucieuses de perpétuer la lutte de Lumumba pour la reconquête des terres congolaises, pour la justice sociale et la pensée libre. Tel est l’un des défis que ces dernières ont à relever en travaillant avec les jeunes et les masses populaires à rompre avec l’usage fétichiste du qualificatif démocratique.
Il en va de même de l’usage du qualificatif  »lumumbiste ». Certains agents de  »la néocolonie » ont donné à leurs mouvements ou partis politiques ce qualificatif. Certains se réclament même de Lumumba, ils disent être les défenseurs de ses idées tout en ayant, en permanence, un comportement des  »Kapita médaillés » des esclavagistes et des coloniaux. A voir ce qu’ils font aux Congolais(es) depuis la guerre de l’AFDL, ils n’auraient pas hésité, un seul instant, à tuer celui qui disait  le 30 juin 1960 : « Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’injustice, d’oppression et d’exploitation. » Comme la pensée de Lumumba est encore d’actualité !
Ce régime d’injustice, d’oppression et d’exploitation permet au  »Président apparent » du Congo-Kinshasa de créer, avec sa famille, un empire économico-financier disposant  de plus de 70 sociétés.
Et plusieurs compatriotes ont oublié qu’il est, lui aussi, le produit d’un accord-compromission à Sun City. Il a été imposé à Thabo Mbeki de l’imposer aux Congolais(es). Des témoins congolais le savent. Thabo Mbeki leur en a parlé.
Après Sun City, en 2006 et en 2011, il a triché et fraudé aux élections avec le soutien de ses mentors et parrains pour demeurer  un  »proconsul au cœur  de la néocolonie ». Plusieurs compatriotes le savent. Plusieurs livres en parlent avec des preuves à l’appui. Malgré cela, cette  »néocolonie anglo-saxonne »  est dénommée  »notre jeune démocratie ». Aujourd’hui, en 2016, il tue, il emprisonne, il pille sous la barbe de l’ONU impuissantée par sa complicité avec le système d’injustice, d’oppression et d’exploitation.
Demain, quand il ne sera plus là, il serait souhaitable que les minorités organiques et structurantes poursuivent leurs échanges avec les jeunes et les masses populaires en relisant Lumumba et en leur disant qu’ensemble, « nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire des nouvelles qui seront justes et nobles. Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales », tout en ajoutant que  »la liberté n’est pas une invention occidentale ». Que nous avons des cultures riches pouvant nous aider à puiser aux sources de la liberté. Un mouvement du Congo de l’insoumission doit pouvoir être le creuset idéologique de la renaissance de son pays. Un mouvement fondé sur une conscience historique et une idéologie émancipatrices de la politique de répression dégradante et de l’oppression humiliante est indispensable pour le Congo-Kinshasa de demain ; un mouvement des masses.
Les jeunes devraient davantage lutter pour un Congo fier de son identité, libre et prospère ayant ses fondements politiques, sociaux et culturels propres. Des  »Kinzonzi » (des arbres à palabres)portés à la base par les chefs des terres non-corrompus par les idéologies infériorisantes de la modernité mondialiste aideraient à la renaissance de ce Congo de l’insoumission.

Babanya Kabudi

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