Croire au miracle de la Saint Sylvestre

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Imprévisible Congo ! Alors que le pire était à craindre, que les expatriés s’étaient vu conseiller de plier bagages et que les « envoyés spéciaux » de la communauté internationale étaient arrivés au bout de leurs conseils et de leurs menaces, ce sont finalement les négociateurs congolais, sous la houlette de leurs autorités spirituelles , qui ont trouvé la voie d’un compromis. Dans cette négociation de la dernière chance, toutes les parties ont jeté du lest : l’opposition, même son aile la plus radicale, a renoncé à obtenir un départ imminent de Kabila. Quant à ce dernier, il a accepté de partager le pouvoir, de co-gérer une transition qui, plus tôt que prévu, devrait déboucher sur des élections à la fin de cette année. Dans cette Afrique centrale où se côtoient les dinosaures accros au pouvoir, le « Raïs », qui demeure toujours le plus jeune du club, a finalement renoncé à se représenter. Même si subsistent des pièges, cachés ou non, si tous les dangers ne sont pas écartés (une reprise de la guerre pourrait encore enrayer la machine électorale et pérenniser la transition), si la classe politique demeure capable de se déchirer pour des questions d’intérêt personnel, il faut, au lendemain de cet accord de la Saint Sylvestre, se laisser gagner par l’optimisme. Car cette négociation de la dernière chance a été menée par les Congolais eux-mêmes, sans interférence étrangère. Chacun des camps, gardant en vue l’intérêt supérieur du pays, s’est montré capable de faire des concessions. Et Moïse Katumbi, en suggérant que son cas soit réglé plus tard, a posé un geste d’homme d’Etat. S’ajoutant aux pressions extérieures, c’est la mobilisation populaire qui s’est révélée déterminante : malgré le déploiement de l’appareil sécuritaire, le régime s’est rendu compte qu’on ne pouvait gouverner contre l’opinion, contre la jeunesse. Même obligé de recourir aux sifflets pour s’exprimer sans danger, le peuple congolais est demeuré attentif, mobilisé. Si tout va bien (croisons les doigts…) il aura obtenu ce miracle de fin d’année: pour la première fois depuis l’indépendance du pays, la transition devrait s’opérer de manière pacifique, par la voie des urnes et non dans le fracas des armes et les déchirements de la violence.
Certes, les palabres ont duré longtemps, les évêques ont souvent frôlé l’exaspération. Mais au bout du compte, si les termes de l’accord sont réellement mis en œuvre, le Congo aura réussi une étape cruciale dans l’apprentissage de la démocratie. Ce sera la première bonne nouvelle de cette année 2017.

Colette Braeckman

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