Dossier Moïse Katumbi : une mission de la Cenco à Lubumbashi

katumbi et avocats
Quoi que condamné injustement, Moïse Katumbi a brillé par un sursaut patriotique inattendu en sauvant l’Accord du 31 décembre 2016. Il avait confié son sort à la Cenco de sorte que son cas, considéré comme l’un des points sensibles de la décrispation politique, ne soit pas un sujet de blocage de la signature du compromis politique du Centre interdiocésain. Respectueuse de son engagement la Cenco vient de dépêcher à Lubumbashi une commission ad hoc pour faire toute la lumière sur ce dossier.

Forts du compromis qui s’est dégagé lundi dernier au sujet de la répartition de responsabilités au sein du Comité national de suivi de l’Accord (CNSA), les délégués aux discussions directes sur l’arrangement particulier à l’Accord du 31 décembre 2016 ont abordé l’épineuse question de la formation du gouvernement. Plusieurs points de divergences continuent à séparer les signataires de l’accord du 18 octobre et les non- signataires portés essentiellement par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.

A ce jour, le point d’achoppement reste le mode de désignation du Premier ministre, censé sortir des rangs du Rassemblement. La Majorité présidentielle continue de soutenir que le Rassemblement ne peut pas imposer un seul nom au chef de l’Etat. Ce que réfute ce dernier qui s’en tient à l‘Accord du 31 décembre aux termes duquel il est reconnu au Rassemblement de ne proposer qu’un nom pour nomination au poste de Premier ministre. Entre un panel de candidats Premier ministre que propose la MP et la proposition d’une candidature unique du Rassemblement, les délégués aux discussions du Centre interdiocésain tardent à trouver un terrain d’entente.

Un pas vers la décrispation politique

Pendant ce temps, la Cenco, qui a fixé une nouvelle date butoir, soit le samedi 28 janvier 2017, pour clore définitivement les travaux, se prépare déjà à l’atterrissage en douceur des pourparlers directs qu’elle supervise depuis le 8 décembre 2016. Alors que les mesures de décrispation politique prennent du temps à se concrétiser, la Cenco semble appuyer sur l’accélérateur pour amener le pouvoir en place à Kinshasa à se conformer aux engagements contenus dans l’Accord politique du 31 décembre 2016.

En effet, la Cenco a donné priorité au cas de Moïse Katumbi Chapwe, candidat déclaré à la prochaine présidentielle, qui est toujours contraint à l’exil du fait d’une décision « inique et injuste de la justice, selon ses avocats. A côté de Moïse Katumbi, la Cenco s’intéresse aussi à la situation d’incarcération depuis deux ans de Jean-Claude Muyambo à la prison centrale de Makala (Kinshasa).

Pour ces cas précis, des sources proches du clergé rapportent qu’une commission ad hoc dûment mandatée par la Cenco se prépare à faire la descente à Lubumbashi, ville où se sont commis les griefs portés autant contre Moïse Katumbi que Jean-Claude Muyambo. Il s’agit, pour la Cenco, de comprendre les dessous de ces deux affaires qui ont défrayé la chronique judiciaire ces dernières années.

L’on se rappelle que le dossier Moïse Katumbi était parmi les préalables longtemps posés par le Rassemblement pour participer à un quelconque dialogue politique. Après avoir boycotté le dialogue de la cité de l’union africaine supervisé par le Togolais Edem Kodjo de triste mémoire, le Rassemblement a enfin accepté de siéger aux négociations directes ouvertes le 8 décembre 2016 au Centre interdiocésain, à Kinshasa par la Cenco.

Face à l’intransigeance du pouvoir en place de ne pas lever le verrou judiciaire qui pèse sur Moïse Katumbi, le Rassemblement était sur le point de suspendre sa participation jusqu’à ce qu’à partir de la Belgique, Moïse Katumbi a dû conseiller aux délégués du Rassemblement de ne pas faire de sa situation un point de blocage du compromis politique qui se dessinait. Ce qui a grandement libéré la voie à la signature, le 31 décembre 2016, de l’Accord politique global et inclusif du Centre interdiocésain.

Toutefois, dans l’accord ainsi paraphé, les parties prendront soin de mentionner que le cas de Moïse Katumbi devra être géré par une commission spéciale placée sous la conduite de la Cenco.

LA CENCO PRÊTE À EVENTRER LE BOA

Dans sa réaction du 3 janvier 2017 à cet accord, Moïse Katumbi motivait sa décision par l’impératif de « préserver la paix et la cohésion ». Et de préciser : «Je n’ai pas voulu faire de mon cas un point de blocage malgré l’injustice de ma condamnation et des poursuites judiciaires. J’ai donc accepté que mon dossier soit confié aux évêques de la Cenco, en qui j’ai une pleine confiance ».

Pour l’instant, la Cenco joue à l’apaisement. Les évêques font preuve de sagesse en gérant le cas Moïse Katumbi avec tact et minutie, par peur, sans doute, d’irriter le pouvoir. En dépêchant à Lubumbashi une commission ad hoc, la Cenco tente donc de démonter tous les éléments du prisme pour pénétrer l’énigme autour d’une affaire judiciaire dont l’onde de choc s’est propagée bien au- delà des frontières nationales.

Avec les révélations faites depuis l’Europe par la juge Ramazani – la même qui avait prononcé sa condamnation à Lubumbashi les évêques ne manqueront pas de découvrir la vérité.

De son lieu d’exil, Moïse Katumbi continue à croire en sa relaxation. Le fait qu’il ait maintenu sa candidature n’est pas le fait du hasard. La démarche de la Cenco est un pas important vers son retour au pays.

Par LE POTENTIEL

 

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