Abbé Mbelu, un prêtre catholique congolais, et la question d’identification de l’adversaire

Le nouveau Premier ministre Bruno Tshibala reçu pour la première fois depuis sa nomination par le président de la République Joseph Kabila le 10 avril 2017. ©Présidence de la République.

(https://www.youtube.com/watch?v=U0UW5DQGom4)

Pour ceux qui voudraient s’assurer d’une victoire possible de leur camp, la question de l’identité réelle de l’adversaire, voire de son identification, se pose avec gravité. Surtout quand on est convié dans un combat où le véritable adversaire se présente stratégiquement sous plusieurs formes. En d’autres termes, Il ne suffirait pas seulement de lutter contre une seule de ses formes, prise de manière isolée, pour espérer le vaincre. Même dans ces conditions, la guerre risque non seulement de durer dans le temps, mais aussi d’avoir un coût inutilement élevé. Malgré tout, la difficulté reste dans le choix à faire sur la forme à privilégier parmi toutes celles qui sont adoptées par le véritable adversaire. Quelles formes choisir, notamment entre celles qui sont visibles à l’œil nu : cibler « Joseph Kabila », s’attaquer à sa « MP », à une partie de l’opposition financée par l’A.V. (Adversaire Véritable), s’en prendre à la société civile, au Rwanda (référence à Chomsky qui désigne les différents États-mercenaires), le CNDP, le M23, le fameux gouvernement congolais (Tshibala), la MONUSCO, etc. Ce sont des formes que l’occident et les élites anglo-saxonnes incarnent sans se dévoiler sur le terrain-Congo, où se pratique le Grand Échiquier. J’insiste quand même sur le fait qu’aucune de ses formes ne le représentent en réalité. Puisqu’il sait être en dehors. Il se trouve donc à l’aise, et sans contradiction, dans son propre jeu établi et avec les règles auxquelles il soumet ses proies.

Sous d’autres cieux, le processus de la « fabrique de l’ennemi », (voir le titre du livre de Georges Lewi), relève de laboratoires spécifiques, les seuls habilités à produire, avec intelligence, un ennemi qui, par ricochet, deviendra l’ennemi à combattre par tout le monde. C’est ainsi que les masses populaires d’ailleurs sont mobilisées et mobilisables.

Quand on demande à un russe de designer son adversaire, il le fait sans détours, sans ambages. Contrairement aux Congolais qui parleraient de « 1% », des « multinationales » et s’entoureraient de précautions inutiles des fois, le professeur de nationalité russe, Andrej Fursov, directeur du Centre d’études russes à l’Université des sciences humaines de Moscou et membre de l’Académie internationale des sciences (Munich), interrogé par le magazine Horizons et Débats de Genève, n’a pas hésité de désigner nominalement les élites anglo-saxonnes comme adversaires contre lesquels se battent les Russes. Il déclare, et je cite notamment : « Pour la première fois, l’élite Anglo-américano-juive, qui s’était formée au cours des derniers siècles et est devenue une conquête organisationnelle historique de l’Occident, a été confrontée ici à un adversaire mondial d’un genre non-occidental (car la direction de l’URSS était la transposition d’un projet de gauche de l’Occident, d’un jacobinisme de l’époque moderne). Par ailleurs, le segment européen de l’élite occidentale se trouve en face d’un segment chinois pas moins ancien et peut-être même plus ancien, d’où il reçoit aussi l’expérience historique. Orienté tout autant vers les valeurs matérielles, le commerce et l’argent. Mais ayant encore l’esprit très aventureux, car à l’évidence les Chinois ont leur propre système criminel mondial. Le but de l’Occident : voir tomber la Chine, la séparer des sources d’approvisionnement en matières premières et l’étouffer technologiquement. [Mais] la mafia chinoise est probablement encore un peu plus violente que l’italienne… », (http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=3533).

C’est pareil avec les Américains. Le dernier document que vient de signer Donald Trump sur la « Stratégie de la sécurité nationale des Etats-Unis », est plus qu’explicite sur le sujet. Je cite, notamment : « La Chine et la Russie défient la puissance, l’influence et les intérêts de l’Amérique, en tentant d’éroder sa sécurité et sa prospérité. [Ces deux nations] veulent former un monde antithétique aux valeurs et aux intérêts USA. La Chine cherche à prendre la place des Etats-Unis dans la région du Pacifique, en répandant son modèle d’économie sous-direction étatique. La Russie essaie de réacquérir son statut de grande puissance et d’établir des sphères d’influence près de ses frontières. Son objectif est d’affaiblir l’influence étasunienne dans le monde et de nous diviser de nos alliés et partenaires. Nous, [les USA], nous battrons avec tous les outils de notre puissance nationale pour assurer que les régions du monde ne soient pas dominées par une seule puissance [qu’elles soient toutes dominées par les Etats-Unis] », (https://www.whitehouse.gov/wp-content/uploads/2017/12/NSS-Final-12-18-2017-0905.pdf)

Mbelu Babanya insiste : « Êtes-vous parvenu à identifier l’adversaire ». Il le fait souvent avec un léger sourire et aussi avec un visage fermé. Il a raison en plus. Et je partage avec lui son inquiétude sur cette question précise. Beaucoup ignorent encore la nature de la bête sauvage qui se trouve réellement en face du Congo. Peut-être qu’ils le savent. Qui sait ? Sauf que peu y croient. Souvent, c’est par peur, faute de convictions et également par obsession de facilité. Tout ce qui est compliqué ne passe pas. Même s’il faille pour se faire reproduire mille fois le passé.

Il existe plusieurs « on », au niveau stratégique et d’actions chez les Congolais. C’est de comment ces différents « on » y répondront et du sérieux qu’ils y mettront qui aiderait à prendre le taureau par les cornes.

Mufoncol Tshiyoyo,

MT & Associates Consulting Group

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