La difficulté du Congo-Kinshasa, c’est sa richesse, dixit Jean-Luc Schaffhauser

Savoir que l’émotion est passagère peut inciter à se créer des moments permanents de lucidité. Surtout au moment où son pays connaît une histoire très mouvementée. Des discours mensongers peuvent désorienter. D’où l’importance de questionner à temps et à contretemps l’histoire. Au Congo-Kinshasa, il me semble urgent de faire attention au  »amis d’alias Joseph Kabila ». Ils éprouvent beaucoup de peine à rompre avec le mensonge systémique.

Cette vidéo ( https://www.youtube.com/watch?v=dSdWMbIEHCE) a circulé abondamment sur les réseaux sociaux congolais. Elle a suscité beaucoup d’émotion. Comme d’habitude. Elle résume en plus ou moins deux minutes plusieurs livres écrits sur le Congo-Kinshasa, les Grands Lacs africains et les multinationales.

En écoutant les critiques des uns et des autres adressées à alias Joseph Kabila après  »sa conférence de presse pour rien », il y a lieu de dire que la falsification de l’histoire du pays de Lumumba a encore de beaux jours devant elle.  »Le jeune homme manipulable cherché au Rwanda » pour être au service des multinationales après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila est appelé  »Président de la République ». Une critique sévère sur  »les mensonges du  »raïs 100% » n’assume pas cette manipulation  »originaire ». Il y a un problème. Et un problème sérieux. Le mensonge systémique de  »la kabilie » est en quelque sorte une matrice organisatrice de la politique affairiste congolaise.

Oui. Il y a un problème. Parler du  »Président de la République » qui défendrait  »la constitution », c’est participer de cette désorientation historique et de ses conséquences.

Si le Congo-Kinshasa était  »un Etat réel », Jean-Luc Schaffhauser aurait été approché par  »des députés réels » pour qu’ils en sachent un peu plus sur l’instrumentalisation du  »Cheval de Troie » de Paul Kagame. Non. Une importante partie de  »la classe politique congolaise » a opté pour la politique de l’autruche. Et elle est étonnée face aux conséquences qu’elle produit : la mort, la banalisation de la vie, la destruction du  »Bomoto » au nom d’une seule valeur marchande dénommée  »l’argent ».

Il est vrai que je ne partage pas en tout et pour tout la thèse selon laquelle  »la difficulté du Congo-Kinshasa, c’est sa richesse ». Pourquoi n’est-elle pas aussi celle de la Norvège à cause de son pétrole ? Non. La difficulté du Congo-Kinshasa est surtout le mépris du 1% des dominants pour les nègres habitant au cœur de l’Afrique ; son souci de détruire leur matière grise afin qu’ils soient à jamais incapables de lutter pour leur souveraineté réelle.

Jean-Luc Schaffhauser ne se limite pas à l’approche critique du  »jeune homme manipulable » au service des multinationales occidentales, il propose des solutions allant au-delà des  »sanctions ponctuelles » : l’arrestation des prédateurs et la mise hors d’état de nuire d’alias Joseph Kabila ; même par la force (.https://www.youtube.com/watch?v=U0n2Y3pdhpE) Il estime que cette tâche peut être assumée par le conseil de sécurité.

Cette solution pose un problème. Comment les mêmes membres du Conseil de sécurité qui ont placé alias Joseph Kabila au pouvoir-os vont-ils s’en débarrasser ? Sont-ils disposés à prendre en compte le rejet de  »leur créature » par les masses populaires congolaises ? Que vont-ils gagner si  »le Congo-pivot » devenait un  »Etat réel » où la force de la loi l’emporte sur la loi de la force ?

Ce qu’ils vont gagner va-t-il valoir ce qu’ils vont perdre au moment où ils sont majoritairement au service de  »nouveaux cercles de pouvoir » , les trans et les multinationales ayant instrumentalisé alias Joseph Kabila ?

Ce que dit Jean-Luc Schaffhauser mérite d’être mis à la disposition de l’opinion publique occidentale. Même si elle ne pèse plus tellement dans un monde où les médias dominants lobotomisent au quotidien. N’empêche que cela soit proposé avec toutes les questions soulevées.

Cela doit aussi être partagé à plusieurs reprises dans les milieux congolais pour éviter l’amnésie et la désorientation que  »les amis d’alias Joseph Kabila » devenus  »ses opposants » (?) entretiennent.

Les peuples qui n’ont pas la maîtrise de leur histoire ont tendance à la répéter avec ses erreurs fatales. Et de plus en plus, plusieurs compatriotes deviennent rebelles à la relecture de notre histoire collective et opté pour les commentaires instantanés des vieilles questions actualisées.

A mon avis, c’est quand les minorités congolaises organisées et leur leadership collectif auront renversé les rapports de force que  »les autres » décideront de revoir leurs tactiques, méthodes et stratégies. Les Vietnamiens, les Chinois, les Russes, les Boliviens, les Cubains, les Vénézuéliens, etc. l’ont fait. Pourquoi pas les Congolais(es) ? Le temps long peut être un allié de taille pourvu que le décervelage, la lobotomisation, le mensonge systémique, l’amnésie soient combattus à temps et à contretemps pour une refondation de  »l’Etat réel » congolais sur les valeurs promotrices de la vie et du bonheur collectif partagé. Individuellement et collectivement. Et que la réappropriation de la souveraineté du Congo-Kinshasa devienne un objectif perpétuellement poursuivi.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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