Vaches du Kivu dans l’ex-Bandundu : un rooting troublant !

En attendant les conclusions du Caucus des députés de l’ex-province du Bandundu et de la délégation gouvernementale dans cette partie de la République, les zones d’ombres qui enveloppent le dossier de la présence insolite des vaches et éleveurs du Kivu dans les provinces du Kwilu et du Kwango restent opaques. Des millions de compatriotes, échaudés par l’installation de plusieurs communautés rwandophones au Nord et au Sud-Kivu, en marge de la guerre de libération ayant conduit l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) au pouvoir en mai 1997, redoutent une nouvelle transplantation des mêmes populations à l’Ouest du pays.

Le rooting de près de 2.000 kilomètres suivi par ces berges et leurs
troupeaux est d’autant troublant qu’il n’est motivé ni par une
situation de sécheresse, ni par une éruption volcanique, ni une
rébellion, une inondation ou un conflit de terres. Jusqu’à preuve du
contraire, l’Est du pays n’est ni en manque d’eau, ni de végétation.
Depuis des millénaires en effet, il s’est jamais posé un problème
d’espace vital pour l’élevage dans cette partie de la République.
D’où, la surprise de beaucoup d’assister à l’invasion de l’ex-Bandundu
par des centaines de vaches accompagnées de leurs propriétaires.

Tant que l’on n’aura pas expliqué, sans équivoque, les mobiles du
mouvement des éleveurs du Kivu vers l’ex-Bandundu, la voie serait
ouverte à toutes les spéculations. Et, dans ce contexte, il serait
difficile pour nombre de ressortissants du Kwilu et du Kwango de
croire à une démarche purement pastorale et commerciale. Pour
d’aucuns, ces éleveurs et leur cheptel constituent une menace directe
pour leurs terres voire leur sécurité, d’autant certains d’entre eux
seraient porteurs d’armes.
De là à penser à un plan secret de balkanisation du pays, il n’y a
qu’un pas. Comme dénoncé par la Cenco (Conférence Episcopale Nationale
du Congo), dans son message du lundi 19 février 2018, nul ne sait ce
que ces migrants internes réservent à la République. Par conséquent,
la prudence recommande que les autorités compétentes procèdent
rapidement à leur identification, maintenant qu’ils se trouvent
pratiquement aux portes de Kinshasa. En cette année électorale,
l’arrivée d’éleveurs censés rester avec leurs bêtes sur les montagnes
du Nord et du Sud-Kivu ne peut que susciter des suspicions.
De l’époque coloniale en passant par celle des régimes de Kasa-Vubu
et de Mobutu, on n’a jamais vécu un tel phénomène. Il y a tellement du
flou dans l’affaire que les autochtones du Kwilu et du Kwango ne
pourront dormir tranquille que quand on leur aura garanti que leurs
terres ne seraient pas occupées illégalement, que leur sécurité ne
serait pas menacée et que ces nouveaux arrivants ne vont pas
s’installer chez eux dans la durée. Si les motivations de ceux-ci sont
réellement commerciales, cela devrait se traduire par des actes tels
que la conduite de leurs vaches vers des abattoirs publics et leurs
ventes aux enchères aux exploitants locaux des fermes agro-pastorales.
Kimp

 

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