Jacques Hogard , les acteurs pléniers et les vassaux de la tragédie congolaise

Le temps long peut être un mauvais conseiller. Il peut, paradoxalement, aider à l’approfondissement de certaines questions. S’il est curieux que les dernières tueries des milices de Paul Kagame à l’Est du Congo ne suscitent presque pas d’indignation chez  »les politicards congolais », il y a lieu de voir, dans cet acte ignoble, le dévoilement de  »la stratégie du proxy anglo-saxon, Paul Kagame ». Il a été initié à une école où changer de dénomination, se présenter sous une fausse bannière est monnaie courante. Jacques Hogard en a fait l’expérience en Serbie. Il sait, lui, que le clan Clinton-Madeline Albright est à l’ œuvre en Serbie. Qu’avec l’appui de l’OTAN, il vient détruire un Etat européen souverain vivant en paix avec ses voisins. Il vient renforcer un petit parti  »maffieux » minoré et sans envergure de l’Uçk. Et l’OTAN opère, comme le soutient Jacques Hogard, aidée par les vassaux US que sont la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France (son pays). Et tout se passe vers les mêmes années que la tragédie congolaise. Un soir du 17 juin 1999, il se passe, en Serbie, quelque chose de semblable à ce qui y a eu lieu à l’Est du Congo-Kinshasa il y a quelques jours.  »Le soir du 17 juin, écrit Jacques Hogard, nous apprenons qu’une embuscade vient d’être déclenchée par l’Uçk sur un convoi de civils serbes remontant du sud vers le nord- deux cents tracteurs emportant hommes, femmes et enfants- sur la route reliant Pec à Mitrovica, à hauteur du lieu dit « Katare ». Je fais effectuer une reconnaissance par un hélicoptère armé qui me rend compte de la position des éléments de l’Uçk. Je luis demande alors de tirer quelques rafales de semonce afin de les contraindre à décrocher et cesser cette agression inqualifiable contre les civils désarmés. » Jacques Hogard poursuit :  »Quelques minutes plus tard, je suis à ma très grande surprise appelé à la radio par le général britannique Mason qui m’enjoint de faire cesser les tirs d’hélicoptère contre ses SAS ! Je réalise alors que les éléments de l’Uçk qui se livrent à cette embuscade indigne contre les civils désarmés, sont encadrés – au minimum accompagnés – par « mes frères d’arme » des forces spéciales britanniques. » (L’Europe est morte à Pristina, Paris, Hugo& Doc, 2014, p. 74-75).

Il y a quelques jours,  »les militaires » (?) opérant à partir du Congo-Kinshasa ont tiré sur  »les milices » du FPR/APR en croyant qu’ils avaient affaires aux  »forces négatives » (?). Et ils ont redécouvert le secret de Polichinelle entretenu au Congo-Kinshasa depuis les années 1990. Les milices de Kagame, soutenus et accompagnés par leurs parrains anglo-saxons et européens opèrent avec ou sous les fausses étiquettes de l’AFDL, du RCD, de CNDP, de M23, de Banyamulenge, de ADF/NALU, de PPRD, etc. Pourquoi ? Pour la simple raison que  »la guerre des démocrates » américains n’a pas encore pris fin au Congo-Kinshasa.

Connaissant leur capacité de nuisance et de désinformation, leur recours à la guerre psychologique et à l’aveuglement idéologique, Jacques Hogard a averti les plus incrédules d’entre nous en publiant un petit livre intéressant intitulé  »Les larmes de l’honneur ». Sa recension donne envie de le lire (https://www.iveris.eu/list/notes_de_lecture/212-les_larmes_de_lhonneur_jacques_hogard) et dit l’actualité du  »chaos constructeur » US au Congo-Kinshasa. Alias Joseph Kabila en est un pion. Comme les terroristes albanais de l’Uçk, il tue, pille, démolit le pays de Lumumba, main dans la main avec son mentor Paul Kagame. Impunément. Comme l’ex-Yougoslavie entre 1996 et 1999, le Congo-Kinshasa est en train d’être produit comme un  »Etat raté », balkanisable en de  »petits Etats » minables. Malheureusement, cela dure depuis plus de deux décennies. Et les mécanismes de désinformation et de lobotomisation mis en place au cœur de l’Afrique aident les anglo-saxons, leurs multinationales et leurs vassaux à gagner, dans le chef de plusieurs compatriotes, la guerre psychologique et idéologique. Rester éveillé sur le temps long est souvent impossible. Le courage serait cette vertu d’endurance dans cet impossible permettant aux ascètes du provisoire d’imaginer des issues possibles. En acceptant la résistance dans l’impopularité. Et la mort sous ses différentes formes. Les cerveaux éveillés causent la trouille chez les  »bâtisseurs-démocrates » du  »chaos constructeur ». Le Pasteur Ekofo en sait quelque chose. Le Père Vincent Machozi en a payé un prix fort, tout comme bien d’autres patriotes congolais.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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