Prof André Mbata avertit la CENI et la CNSA : Les « dédoubleurs » de la MP interdits de conduire leurs nouveaux partis aux élections de 2018 (Tribune)

André Mbata Betukumesu Mangu, auteur du livre sur l’abolition de la peine de mort et le constitutionnalisme en Afrique, lu la constitution de la RDC lors de la présentation de son ouvrage le 11/10/2011 à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Décidément, rien ne réussira plus à la Majorité Présidentielle (MP). Errare humanum est,
perseverare diabolicum (l’erreur est humaine mais persévérer dans l’erreur est diabolique).
De la révision constitutionnelle ou du référendum pour accorder une présidence à vie au
« glissement » ou au report sine die des élections pour retarder la retraite de Joseph Kabila
après l’épuisement de son second et dernier mandat, toutes les stratégies diaboliques ont
montré leurs limites. La MP aura tout essayé pour atteindre son objectif ultime qui est
l’« inanition de la nation ». La voici elle-même au bord de l’implosion ou de l’inanition alors
que la Nation qu’elle cherchait à détruire s’apprête à prendre sa revanche en signant son
certificat de décès qui ne devrait pas tarder à intervenir.
Lorsque sept partis politiques avaient quitté la MP et créé le « G7 », la MP avait
conçu la stratégie dite de « dédoublement » en vue de corriger ceux qui avaient commis un
crime de lèse-majesté en défiant son Autorité Morale. Le Raïs et ses thuriféraires avaient
alors sablé du champagne tout en louant le génie de leurs stratèges. Des politiciens qui
avaient travaillé dans l’ombre de Pierre Lumbi (Mouvement social du renouveau, MSR),
Olivier Kamitatu (Alliance pour le renouveau du Congo, ARC), José Endundo (Parti
démocrate-chrétien, PDS), Gabriel Kyungu wa Kumwanza (Union nationale des fédéralistes
du Congo, UNAFEC), Danny Banza Maloba (Avenir du Congo, ACO), Charles Mwando
Simba (Union nationale des démocrates fédéralistes, UNADEF), et Christophe Lutundula
(Alliance des démocrates pour le progrès, ADP) avaient été débauchés par la MP pour semer
la confusion et se faire proclamer dirigeants attitrés des partis qui étaient aussitôt reconnus
par le Ministre de l’Intérieur. Face à Pierre Lumbi, José Endundo, Gabriel Kyungu wa
Kumwanza, Danny Banza, Charles Muando et Olivier Kamitatu devenus membres du
Rassemblement de l’Opposition, la MP alignera François Rubota, Bienvenu Liyota, Aggée
Matembo, Patrick Bologna, Marcel Ilunga Leu, et Katende wa Ndaya, respectivement comme
présidents du MSR, du PDS, de l’UNAFEC, d’ACO, de l’UNADEF et de l’ARC aile MP. A
titre de récompense pour services rendus et fidélité à l’Autorité Morale, les dédoubleurs
comme Bienvenu Liyota, Aggée Matembo et Marcel Ilunga Leu seront nommés membres du
gouvernement dirigé par le Premier Ministre Bruno Tshibala qui venait aussi de de dédoubler
l’UDPS/Tshisekedi, le plus grand parti de l’Opposition.
L’Accord politique du 31 décembre 2016 sur la fin de la crise politique en RD Congo
avait cependant recommandé la fin du dédoublement des partis politiques. C’est sur cette
base que le très contesté Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) avait entrepris des
échanges avec les responsables des partis concernés par le dédoublement. Il ressort de ces
échanges que les dédoubleurs ont accepté d’abandonner les noms, sigles et logos des partis à
leurs responsables au sein du G7 alors qu’ils avaient crié sur tous les toits qu’ils en étaient les
véritables dirigeants légaux et légitimes. Le ridicule ne tuant pas au Congo, il n’y a eu aucun
mea culpa. Les dédoubleurs se sont empressés d’annoncer qu’ils créaient de nouveaux partis.
Ilunga Leu est le président des Fédéralistes ; Aggée Matembo a créé l’Alliance des
nationalistes pour la démocratie et l’émergence du Congo (UNADEC) et Katende wa Ndaya
l’Alliance pour la reconstruction du Congo (ARCa) alors que Bienvenu Liyota se cherche
encore un nom et que Patrick Bologna fait de la résistance.
Le CNSA recommande au Ministre de l’Intérieur l’enregistrement de nouveaux partis
créés par les dédoubleurs et sollicite une concertation urgente avec le Ministre et la CENI
afin de trouver un compromis concernant les délais de transmission des listes des partis
politiques.
Pour le Prof André Mbata, la triste vérité que le CNSA, le Ministre de l’Intérieur, la
CENI, les stratèges de la MP et leurs dédoubleurs qui viennent de créer des partis politiques doivent savoir est que ces partis peuvent bel et bien être enregistrés. Cependant, la loi
électorale interdit formellement qu’ils puissent être admis à concourir ou à présenter des
candidats aux prochaines élections si jamais celles-ci devaient avoir lieu le 23 décembre 2018
comme annoncé par la CENI. En effet, selon l’article 12 de la loi électorale,
« l’enregistrement ainsi que la liste des partis politiques éligibles au scrutin en cours sont
clôturés, publiés au Journal officiel et transmis par le Ministre ayant l’Intérieur dans ses
attributions à la CENI au plus tard 12 mois avant l’ouverture de l’enregistrement des
candidatures ». Cette disposition légale ne connait aucune dérogation. C’est là au moins un
« petit » prix à payer par les dédoubleurs qui ont déjà été récompensés d’une nomination au
gouvernement ou à la tête des entreprises publiques. La CENI est informée que l’inclusion
des partis dont l’enregistrement serait de moins de 12 mois constituerait une violation
flagrante de la loi électorale qui leur interdit de présenter des candidats au scrutin en cours.
Selon le constitutionaliste congolais, Bienvenu Liyota, Ilunga Leu, Aggée Matembo,
Katende wa Ndaya, François Rubota, Patrick Bologna et d’autres politiciens comme Bruno
Tshibala ainsi que de nombreux congolais qu’ils ont entrainés dans leur aventure politique
feraient mieux d’adhérer au PPRD ou à d’autres partis de la MP afin de pouvoir concourir
aux prochaines élections. S’ils tiennent absolument à se présenter sous les drapeaux de leurs
nouveaux partis, ils n’auraient d’autre choix que de soutenir une Transition citoyenne sans Joseph Kabila.

 

Leave a comment

Your email address will not be published.


*