Qui décide de qui devient président au Kongo-Kinshasa ?

Palais de la nation à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

« On ne peut pas comprendre une société si on ne connaît pas son passé, si on ne connaît pas les différents acteurs, nationaux et internationaux, qui ont joué un rôle » M. COLLON

Il me semble que plusieurs partis politiques kongolais n’ont pas encore pris la mesure de l’échec de la particratie au pays de Lumumba et compris l’urgence de changer de paradigme.

Caisses résonnantes de l’hégémonie mondialiste/globaliste, ils enfument les masses populaires kongolaises en leur racontant, à longueur de journées, de petits mensonges de manière répétitive.  »Leurs autorités morales » mentent en racontant à ces masses roulées dans la farine que c’est la CENI (la Commission Electorale Nationale (dite) Indépendante) qui, après  »les élections-pièges-à-cons », dit qui les a réellement gagnées. Ou que c’est le peuple qui, en dernier ressort, décide de qui doit être président. Pour cela, il suffit qu’il ait bien voté et que la CENI soit  »dépolitisée ».

D’où des sorties médiatiques actuelles de certaines de ces  »autorités morales » pour réclamer une CENI  »dépolitisée ». Mais ce qu’elles n’avouent pas et ne débattent pas avec  »leurs bases »,  »ces autorités démoralisées », c’est ce qui se passe et s’est passé dans les coulisses de ces  »élections-pièges-à-cons » depuis 2006. Pourquoi ????

Pourtant, certains (ir)responsables de ces partis politiques ont entendu une grave déclaration après 2006 et lu deux articles interpellants autour de  »élections » de 2011 et 2018.

En 2006, l’un d’eux a avoué avoir accepté l’inacceptable. En 2011, Arnauld Zajtman a publié  »Il est minuit moins une à Kinshasa » (Il est moins une à Kinshasa (lalibre.be) ) et en 2018, Stephen R. Weissman a écrit un article (à lire intelligemment) cherchant à répondre à cette question :  »Pourquoi Washington a-t-il laissé une élection volée au Congo » ? ((Washington Let Congo’s Stolen 2018 Election Stand. To Defend Democracy, Biden Needs to Fix Diplomacy (foreignpolicy.com) )

Méditer sur ces trois moments et lire de manière critique ces textes pourraient aider plusieurs d’entre nous à comprendre où se situe l’un des problèmes majeurs de la politique kongolaise depuis le début de la guerre raciste de prédation et de basse intensité menée contre le pays jusqu’à ce jour.

Il est celui de la confiscation de la souveraineté du pays par les forces dominantes du marché et par leurs  »fondés de pouvoir » avec la complicité de presque tous  »les particrates kongolais ». Il est celui de la domination exercée sur le fait politique par le fait économique à partir des coulisses de l’histoire et des ambassades étrangères. Tel est le problème que  »les particrates kongolais » refusent d’aborder et de traiter publiquement. Ils font semblant de comprendre ou ne comprennent pas que c’est depuis longtemps que  »l’idée de la démocratie a cédée le pas au chaos universel fait de guerres économiques, de terrorisme, d’interventions militaires « préventives », de « révolutions colorées » » au profit des oligarques du Capital.

Esquivant ce problème majeur, ils entretiennent des illusions autour des questions superfétatoires.

Pourtant, en menant leur lobbying à l’extérieur du pays, ils savent au plus profond d’eux-mêmes qu’ils n’ oeuvrent pas nécessairement pour des élections libres, limpides, transparentes, démocratiques et souveraines. Ils le savent et ne le disent pas aux compatriotes qui les suivent comme des moutons de Panurge.

En abordant cette question – qui décide de qui devient président au Kongo-Kinshasa-, il serait judicieux d’éviter de croire qu’elle ne se pose qu’au Kongo-Kinshasa. Il est toujours souhaitable qu’elle soit débattue dans un contexte beaucoup plus large de la naissance et de l’épanouissement de  »nouveaux cercles de pouvoir », de la prise de pouvoir par les entreprises transnationales que Susan George qualifie d’usurpateurs (Lire S. GEORGE, Les usurpateurs. Comment les entreprises transnationales prennent le pouvoir, Paris, Seuil, 2014), du poids de certaines structures faîtières sur  »les fondés de pouvoir du capital » et surtout de l’histoire de la domination du fait économique sur le fait politique telle qu’elle est bien décrite, sourcée et référencée par Valérie Bugault (Lire V. BUGAULT, Les raisons cachées du désordre mondiale, Paris, Sigest, 2018 et Demain dès l’aube…le renouveau, Paris, Sigest, 2019).

Bref, cette question est liée à un contexte universel où le mondialisme constructeur du monde unipolaire orchestre le désordre et le chaos contre  »l’idée de la démocratie », les Etats-nations souverains et le multipolarité du monde.

Pour élargie les horizons au sujet de la question électorale et l’approfondir, il me semble indispensable de rompre avec le mythe selon lequel le Kongo-Kinshasa serait une île coupée de tous les autres pays du monde, où le fait politique n’obéit qu’aux desiderata des  »particrates », de leurs fanatiques, de leurs tambourinaires et de leurs applaudisseurs. Donc, il serait mieux de situer cette question dans un cadre beaucoup plus large, dans un cadre mondial, pour mieux l’étudier et mieux la comprendre afin d’y apporter des réponses beaucoup plus info-formées.

D’où l’importance du livre et de la lutte contre l’art de l’autodafé. Que nous apprend le livre ?

Les Etats-Unis connaissent le même problème électoral depuis toujours. Les membres du CFR (Council on Foreign Relations) en savent quelque chose. L’Etat profond anglo-américain gouverne en désignant à la tête du pays qui il veut, de gauche ou de droite ; et en l’entourant comme il veut. Ceux qui essaient d’échapper à son contrôle, il les défait. (Lire La machinerie mondialiste (reseauinternational.net) ). Trump est un cas d’école ((Comment les Britanniques ont vendu le mondialisme aux États-Unis (reseauinternational.net) )

Relisant l’élection de G.W.Bush Luciano Caonfora a remis en question  »la vieille démocratie américaine » en la qualifiant d’imposture. (Lire L. CANFORA, L’imposture démocratique. Du procès de Socrate à l’élection de G.W. Bush, Paris, Flammarion, 2003)

En France, dévoilant les liens incestueux existant entre le capitalo-parlementarisme et les élections au suffrage universel, Alain Badiou n’espérait rien de bon pour le peuple ni de l’élection de Nicolas Sarkozy, ni de celle de ses successeurs. Il a écrit  »De quoi Sarkozy est-il le nom ? En 2007 et  »Sarkozy, pire que prévu. Les autres prévoir le pire » en 2012.

En lisant  »Zéro de conduite. Carnets d’après campagne » (2018) de Michel Onfray,  »Crépuscule » (2018) de Juan Branco et  »Opération Macron » (2019) d’Eric Stemmelen, on se rend compte que ces livres donnent raison à Alain Badiou, critique acerbe du suffrage universel en démocrature.

L’un des derniers articles de Valérie Bugault enfonce le clou : L’Europe dite  »respectueuses des valeurs démocratiques  » serait sur le point d’aller en guerre, sans le consentement éclairé de ses peuples et en accord avec les Anglo-américains, contre la Russie et la Chine. (Lire De l’empire britannique au IVème Reich – Site officiel de Valérie Bugault (valeriebugault.fr) )

Cet article vient jeter une belle lumière sur la domination exercée par le fait économique sur le fait politique depuis le XVI ème siècle jusqu’à la veille d’une probable troisième guerre mondiale.

Les autres articles et les livres susmentionnés viennent au secours des compatriotes tentés d’enfermer la compréhension de la question électorale dans la petite sphère kongolaise. Cet enfermement participe d’une stratégie mise en place par les mondialistes/globalistes et leurs nègres de service kongolais pour mettre le pays en coupe réglée, opposer les compatriotes les uns aux autres et produire davantage un Etat-raté-manqué au cœur de l’Afrique. Cet enfermement de la question électorale dans la petite sphère kongolaise est suicidaire pour le pays.

Malheureusement  »les particrates suicidaires » et menteurs ont encore des fanatiques, des applaudisseurs et des tambourinaires.

Lutter à temps et à contre-temps contre l’autodafé, cet art de détruire les livres, introduire et/ou (re)introduire les livres dans le débat kongolais, cela peut contribuer à une recherche info-formée de l’issue à la misère anthropologique dans lequel le pays de Lumumba est plongé.  »Les minorités éveillées » doivent s’atteler à cette tâche et jouer le rôle des intellectuels organiques au cœur des collectifs citoyens.

Il est plus que temps de comprendre que  »les élections-pièges-à cons » sont les signes visibles d’un  »désordre mondial » toujours plus favorable à l’oligarchie économico-financière et toujours plus néfaste aux peuples dépossédés de tout et privés de leurs libertés les plus élémentaires.

Que faire ? Lutter avec les collectifs citoyens contre l’autodafé et l’amnésie collective et changer de paradigme en politique comme le recommande plusieurs de mes articles et un peu plus celui-ci :  »Le Kongo-Kinshasa et ses  »basukuidi ». Pour une revalorisation des tupangu ».

Babanya Somba Manya

Génération Lumumba 1961

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