Entre le droit de la force ou la force du droit, savoir choisir

 »Batapa webeja, tshipatwila mwele mu nsapu, wamanya » (Babanya K.)
Quand ceux et celles qui donnent la mort sont encensés et/ou imités, il serait important de question la société sur son état mental et psychologique. La défense acharnée des intérêts immédiats dans les pays convoités ou chez autrui, l’idolâtrie du pouvoir et de l’avoir peuvent relever des cas cliniques (ou cyniques) de délire mégalomaniaque, de perversité narcissique, de socio ou de psychopathie.
En marge d’une résistance organisée dans les cas de légitime défense, l’imitation des ensauvagés ou des thanatophobes serait une question sociétale à analyser en profondeur.
Plus de cinq siècles d’esclavage et de colonisation ont conduit un nombre important d’Africain(e)s et de Congolais(es) à croire que le droit de la force est l’unique principe sur lequel les relations internationales sont fondées. Certains principes de la charte de l’ONU tels que l’égalité souveraine, la réciprocité et la non-ingérence dans les affaires internes d’un Etat tiers peinent à pouvoir être pris en compte dans la lecture que ces compatriotes africains et congolais font des relations internationales. Ils ont peut-être raison. Ils se rendent compte au quotidien que la violation des principes contenus dans la charte de l’ONU est courante. Pour défendre  »leurs intérêts » dans les pays qu’ils convoitent,  »les grandes puissances » y recourent. Les récentes guerres menées en Irak, en Afghanistan, en Yougoslavie, en Libye, en Syrie, au Congo-Kinshasa, etc. en témoignent.
Cette approche de l’histoire oublie souvent que  »les grandes puissances » manipulent les principes du droit de l’ONU ou y recourent quand bon leur semble. Elles mènent des guerres perpétuelles contre d’autres peuples en étant fondés sur la racisme, le mépris, la cupidité et la banalisation du mal.
Souvent, l’agenda de la défense de leurs intérêts n’intègre pas les principes édictés par la charte de l’ONU. Curieusement, les dominés de cinq siècles d’esclavage, de colonisation et de néocolonisation continuent à compter  »ces grandes puissances » parmi  »les pays démocratiques ». Ils peinent, imaginairement, à les classifier parmi  »les ploutocraties » ou  »les oligarchies d’argent ».
Cette approche biaisée des  »grandes puissances » de la mort conduit ces dominés et à l’ensauvagement, à la mégalomanie et à la thanatophilie,à l’amour obsessionnel de la mort.
Cinq siècles d’esclavage, de colonisation et de néocolonisation ont fini par les convaincre que les thanatophiles sont des modèles. D’où l’admiration qu’ils ont pour  »la machine de guerre américaine » et pour leurs sous-fifres. (Il est stupéfiant de lire des commentaires de certains compatriotes congolais s’extasier à l’idée de savoir que les marines américains pourraient attaquer le Congo-Kinshasa d’un jour à l’autre pour chasser le Cheval de Troie de Kigali et instaurer la démocratie.L’ignorance, l’amnésie et le larbinisme aidant, ces compatriotes ne nous diront jamais pourquoi les mêmes qui ont créé leurs proxys en Ouganda, au Rwanda et au Congo-Kinshasa depuis les années 1990 ont attendu plus de deux décennies pour instaurer la démocratie au pays de Lumumba.)
Il y a, dans le chef de plusieurs d’entre nous, comme une acceptation consciente ou inconsciente des paradigmes de néantisation et de l’indignité imposés par ces cinq siècles d’esclavage, de colonisation et de néocolonisation. Ils auraient effacé en plusieurs d’entre nous le sens du  »Bomoto », de  »Bumuntu » pour y inscrire la soumission, l’ensauvagement et la thanatophilie.
En marge des cas d’une résistance organisée et liée au principe de la légitime défense, un amour obsessionnel de la mort à donner et/ou à recevoir relève des cas pathologiques de délire mégalomaniaque, de perversité narcissique, de socio ou de psychopathie. Que des malades, agents de  »nouveaux cercles de pouvoir » et gouvernants des  »grandes puissances » (et leurs sous-fifres) deviennent des références pour plusieurs d’entre nous, cela pose problème.
Cela pose le problème de la force du droit.  »Les nouveaux cercles de pouvoir » d’argent l’ont anéantie ou presque. Il y a encore des coins du monde où, les multinationales ( »nouveaux cercles de pouvoir ») ,traînées en justice ont pu répondre de leurs forfaits. Ces cas sont rarissimes. Ils ont l’avantage d’exister. Certains  »humiliés d’hier », bien qu’ étant des  »grandes puissances » et ayant des  »multinationales », refusent de donner la mort (consciemment), par respect de la force du droit international. La Chine et la Russie peuvent être cités comme exemples. Elles sont, de l’une ou de l’autre façon, fondée, l’une sur le confucianisme, et l’autre sur la slavophilie. Elles ont intégré, tant soit peu, la dimension culturelle dans leur développement matérielle.
L’ensauvagement et la thanatophilie révèlent, au cœur de l’Afrique et dans plusieurs pays africains, le travail de déformatage opéré, au niveau de l’imaginaire, par les paradigmes négatifs susmentionnés. Le reformatage s’impose comme thérapie de désenvoûtement des cœurs et des esprits. L’admiration des ensauvagés et des thanatophobes, à l’heure actuelle, nous semble être un mauvais signal de décivilisation. Les intellectuels organiques et structurants devraient y être attentifs afin qu’ils participent, activement, au niveau des collectifs citoyens, et à l’organisation de la résistance dans le cadre de la légitime défense, et son organisation comme thérapie de désenvoûtement pour libérer  »le Bomoto », ‘le Bumumtu » dans les cœurs et les esprits des admirateurs des pervers narcissiques, des socio et des psychopathes. Cette thérapie devrait inculquer, dans les cœurs et dans les esprits, le sens de la dignité humaine à défendre et la force du droit garantissant une gestion raisonnable et rationnelle des conflits, au travers des structures et institutions promotrices du bonheur collectif à partager.
Redonner sa place à la force du droit sans tomber dans le juridisme exigera du Congo-Kinshasa qu’il réussisse, à court, moyen et long terme, avec plusieurs autres pays africains, une intégration politique, économique, sociale et sécuritaire pouvant  »co-rompre » les espaces d’ insécurisation créés par  »les grandes puissances de la mort ».
Mbelu Babanya Kabudi

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