RD Congo : deux experts de l’ONU portés disparus dans le Kasaï-Central

L’Américain Michael J. Sharp et la Suédoise Zaida Catalán, deux membres du groupe d’experts de l’ONU sur la RD Congo, sont tombés dimanche soir dans une embuscade tendue par des hommes armés dans le centre du pays, où sévit la milice du chef traditionnel Kamwina Nsapu, tué en août dernier.

Le gouvernement congolais a confirmé l’enlèvement, dimanche 12 mars, de Michael J. Sharp et de Zaida Catalán, deux chercheurs du groupe d’experts des Nations unies sur la RD Congo. « Ce sont deux officiels onusiens qui séjournaient dans notre pays pour une mission dont nous ne connaissons pas l’objet », a fait savoir lundi à Jeune Afrique Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais.

À en croire le ministre, les deux experts ont quitté Kananga dimanche 12 mars, capitale de la province du Kasaï-Central, et se sont dirigés vers la ville de Tshimbulu où des affrontements entre l’armée et des miliciens avaient fait une soixantaine de morts début février. Selon une source onusienne, les deux experts avaient rencontré le chef de poste de la Mission de l’ONU en RD Congo (Monusco) à Kananga avant de quitter la ville.

« Forces négatives non identifiées » ou milice Kamwina Nsapu ?

Michael J. Sharp, coordonnateur du groupe d’experts, et sa collègue Zaida Catalán étaient accompagnés par un traducteur congolais, tous à bord de motos conduites par trois autres Congolais, selon Lambert Mende.

« Ce groupe qui sillonnait la province du Kasaï-central à moto, sans que les autorités locales en aient été informées, serait tombé, selon les premières indications, entre les mains des forces négatives non encore identifiées sur le pont Moyo à proximité du village Ngombe, secteur de Bukonde », a indiqué dans la foulée Lambert Mende dans un communiqué officiel.

Les experts de l’ONU travaillent indépendamment de la Monusco comme du gouvernement congolais, ce qui les conduit fréquemment à rencontrer leurs sources sans protection militaire.

Les groupes d’experts de l’ONU sont chargés de rédiger des rapports annuels pour informer le Conseil de sécurité sur la situation intérieure des pays dont ils ont la charge. Les deux disparus enquêtaient sur l’insécurité dans le Kasaï-central. Cette province est depuis plusieurs mois en proie à la rébellion, sévèrement réprimée, de miliciens se réclamant du chef traditionnel Kamwina Nsapu, tué en août 2016.

« L’embuscade a eu lieu dans une brousse où il n’y a ni la police ni l’armée. Ce sont bien des jeunes drogués appartenant à la milice de Kamwina Nsapu qui ont attaqué les deux experts », affirme pour sa part Emmanuel Ramazani Shadary, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, qui séjourne dans la région.

Ramazani Shadary a confié par ailleurs à Jeune Afrique qu’un hélicoptère de la Monusco a survolé la zone où aurait eu lieu l’enlèvement mais qu’il est « retourné à Kananga sans une indication claire sur le sort de deux experts de l’ONU ».

L’ambassade américaine confirme la « disparition » de Michael J. Sharp

Contactée, l’ambassade des États-Unis à Kinshasa a reconnu avoir pris « connaissance des rapports faisant état de la disparition d’un citoyen américain en RD Congo ».

Mais, « par respect pour sa famille en ce temps d’épreuve, nous n’avons pas de commentaire supplémentaire à émettre », a expliqué une source diplomatique américaine dans la capitale congolaise.

De son côté, le département d’État américain affirme qu’il n’a « pas de priorité plus élevée que la protection des citoyens américains à l’étranger ». « Lorsqu’un citoyen américain est porté disparu, nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités locales et coopérons pleinement à leurs efforts de recherche », rappelle-t-il.

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