Comme en 2011, l’Opposition reste divisée sur la stratégie à adopter face à la Majorité présidentielle (MP) pour 2016. Quand l’UDPS Tshisekedi est pour un dialogue avec la classe dirigeante, l’UNC n’en voit pas l’opportunité, sinon le risque de faire le lit au fameux glissement. A la RTNC, les représentants de ces deux grands partis se sont livrés à une empoignade vernale, oubliant leur cible commune : la MP.Invités à débattre de l’opportunité u dialogue à la télévision nationale, la RTNC, dans l’émission «Deux sons de cloche », du vendredi 4 septembre, présentée par Louis d’Or Balekelayi, l’UDPS et 1’UNC ont trouvé l’occasion de se dire en face c’est que chaque camp pense de l’autre à propos, de l’opportunité du dialogue.
«Il est temps que nous allions aux élections… il n‘y a aucune raison valable d’aller au dialogue à une année de la fin du mandat de Joseph Kabila », a argué le représentant de l’UNC, Billy Kambale, président de l’interfédéral de Kinshasa. Pour lui, ce n’est pas maintenant que la classe dirigeante va prétexter qu’il n’y a pas d’argent pour financer le processus électoral.

«En septembre 2014, sur la tribune des Nations unies à New York, le chef de l‘Etat a dit que la RDC est un pays debout. Tout fonctionne normalement… Comment alors aujourd’hui on en arrive à ne pas organiser certaines élections par manque de financement? », s’est- il interrogé.

DIVERGENCES SUR DIVERGENCES

Le représentant de l’UNC est d’avis que ce n’est pas le dialogue qui va résoudre le problème de financement des opérations de la CENI mais plutôt les institutions de la République. «Ce n‘est pas le dialogue qui régule un pays. La gestion courantes de 1’Etat est assurée par les institutions », pense-t-il.

Dans sa réplique, le représentant de l’UDPS, le professeur Tshilumbu, répondant à la question de savoir pourquoi Tshisekedi a accepté de participer au dialogue convoqué par le président Joseph Kabila. Paul Tshilumbu commence par recadrer le présentateur de l’émission : ‘. L”UDPS s‘inscrit, non pas au dialogue du chef de 1 ‘Etat, mais à celui prescrit as l’Accord d’Addis-Abeba ».

Et de justifier le choix de son parti : «Si nous avons accepté l’idée du dialogue, c‘est pour résoudre le problème des élections. Nous voulons, à travers ce dialogue, parler du fichier électoral qui est corrompu ».

Pour l’envoyé de l’UDPS, « il est important que la classe politique se mette autour d’une table .pour éviter un processus biaisé et des élections bâclées comme en 2011. Nous militons pour des élections crédibles et transparentes. Nous invitons nos amis (Ndlr l‘UNC), s‘ils veulent les élections qu’ils viennent au dialogue », suggère le professeur Paul Tshilumbu, précisant que son parti va s’employer pour qu’il n’y est pas glissement.

Si le timing n’est plus propice à un dialogue pour l’UNC, ce n’est pas le cas pour l’UDPS. «Si la classe politique est de bonne foi, nous avons suffisamment de temps pour enrôler les nouveaux majeurs dans les 3 mois qui suivent et organiser les élections législatives et présidentielle dans le délai », pense le professeur Paul Tshilumbu, espérant même que «les résolutions du dialogue seront opposables à tout le monde ».

Conseillant au passage l’UNC de ne pas brandir la menace de l’article 64 de la Constitution alors qu’il y a espoir de trouver une solution sur la table de négociation, le cadre de l’UDPS avoue, tout de même, ne pas avoir confiance à 100% à la MP. «Nous sommes conscients que les partenaires (Ndlr : la Majorité présidentielle) ne sont pas de bonne foi », a-t-il dit.

Ce qui a fait bondir Billy Kambale, lançant au cadre de l’UDPS «vous êtes des naïfs ». Et de poursuivre « un ministre en fonction du gouvernement a déclaré récemment qu’il s‘emploie à ce que Joseph Kabila reste au pouvoir. Il n‘a été contredit ni par son Premier ministre, ni par le secrétaire général de la MP. Il y a même le porte- parole de la MP qui clame qu‘il faut accorder même 30 ans au président actuel ».

C’est pour toutes ces raisons que Billy Kambale doute encore de la présence effective de Tshisekedi au dialogue. «J’attends voir Etienne Tshisekedi entrer à ce dialogue. Alors, je prendrai toutes mes responsabilités, en tant que citoyen », a-t-il dit.
C’est que Paul Tshilumbu n’a pas digéré. «Souvent votre arrogance et vos prétentions ne sont pas à la hauteur de ce que vous représentez politiquement et sociologiquement. Quelles responsabilités allez-vous prendre ? Les responsabilités, c‘est nous qui allons les prendre. Le problème que nous avons avec 1‘UNC, c‘est qu‘elle a des ambitions démesurées », a-t-il rétorqué.

Par Amédée MWARABU KIBOKO