RDC – Joseph Kabila : une fin de règne agitée

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La République démocratique du Congo passe des moments difficiles. A la tension politique qui va toujours de mal en pis vient s’ajouter la dégradation des indicateurs macroéconomiques. Le gouvernement compte présenter au parlement un projet de budget rectificatif 2016 réduisant les recettes nationales de 22% et égrenant deux points au taux de croissance initialement voté. Il y a à craindre que cette baisse s’accompagne de la perte du pouvoir régalien de l’Etat. Avec une situation politique bouillante conjuguée à la dégradation des fondamentaux économiques, la fin de règne de Joseph Kabila s’annonce agitée.

Le président de la République achève son deuxième et dernier mandat le 19 décembre 2016, conformément aux prescrits de la constitution. Mais à huit mois de la fin de son quinquennat, la centrale électorale traîne le pied pour organiser notamment la présidentielle et les législatives dans le délai requis afin de permettre une alternance au 20 décembre prochain. Cette situation est pour l’opposition une manœuvre dilatoire  destinée à bloquer le processus démocratique et s’accaparer  le pouvoir par défis.
Ce point d’achoppement fait que la Majorité présidentielle (MP) et l’Opposition se regarde en chiens de faïence. Usant des moyens de l’Etat, la MP semble jurer de mettre à genou ses adversaires politiques. Ce qui explique le martyre que vit notamment les acteurs politiques du G7 et leur candidat à la présidentielle, Moïse katumbi. Plusieurs de ses proches sont aux arrêts et lui-même est sous la menace d’une enquête judiciaire pour recrutement des mercenaires étrangers.
Cette situation empeste naturellement la sphère politique congolaise au point que toute la communauté internationale a les yeux braqués sur le géant Congo. Personne ne veut revoir la RDC replongée dans une crise politique alors que la situation dans la sous-région des grands Lacs est préoccupante avec les cas du Burundi, du Congo Brazzaville voire du Rwanda. L’absence des élections pendant tout un quinquennat pour permettre le renouvellement des dirigeants est la preuve que les dirigeants, par leurs calculs politiciens, ont failli à leurs responsabilités d’œuvrer pour la pérennisation de la  démocratie.
Une crise politique affecte toujours l’économie
Naturellement, l’incertitude politique a un impact sur la situation économique du pays. Il s’observe déjà un effritement du capital de confiance des patrons d’entreprises surtout depuis le début de l’année. Plus concrètement,  le gouvernement a adopté au cours de son conseil des ministres du 4 mai dernier son projet de budget rectificatif 2016. Ce projet rectificatif réduit le budget de 22%. Il passe ainsi d’environ 9 milliards usd à 7 milliards usd. Le gouvernement a aussi réduit ses prévisions de taux de croissance de 9% à 6,6%.
L’Exécutif explique ce rectificatif des tendances initiales par une conjugaison de trois facteurs : la tendance à la baisse des indicateurs macroéconomiques, en particulier le taux de croissance qui passe de 9% à 6,6% à la suite de la dégradation persistance de la conjoncture économique internationale ; la baisse des cours des métaux ; la baisse des recettes du fait de la suspension des activités minières, la fermeture de certaines usines et la baisse des importations des marchandises en transit au port de Dar es Salam.
« Pour ce qui est de la configuration de la loi des finances rectificatives 2016, il est présenté en équilibre en recettes et en dépenses à 6 610,9 milliards de francs congolais contre 8476,4 milliards de francs congolais de la loi de finances initiale », précise le communiqué du conseil des ministres.
Au cours du conseil des ministres extraordinaire du 26 janvier dernier, le gouvernement avait arrêté 28 mesures d’urgences pour accroître les ressources financières, améliorer la qualité de la dépense et mettre en œuvre les réformes structurelles à impact rapide. Ici, le gouvernement avait évalué à seulement un milliard de dollars la perte des recettes attendues dans son budget 2016. Mais, avec le projet rectificatif que le gouvernement entend déposer au parlement, ça sera plutôt 2 milliards Usd de perte.
Le gouvernement devrait arrêter des mesures efficaces pour notamment juguler la fraude fiscale et la corruption pour pallier la basse des recettes due à la baisse des cours des matières premières sur le marché internationale. La RDC perd chaque année 15 milliard Usd suite la fraude fiscale. Une niche que l’Exécutif national n’a jamais utilisé pour renflouer les caisses de l’Etat et arrêter le coulage des recettes publiques.
Avec une situation politique explosive et un gouvernement privé de moyens conséquents, cette fin de règne du président de la République risque d’être agitée.

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